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1 novembre 2009

Des ans, des ânes, des Annette, et Jacques Jouet

Il publie beaucoup, Jacques Jouet. Je l’ai connu quand nous étions proches de nos vingt ans et que nous vivions dans l’Essonne. Mon souvenir le plus lointain est cette soirée poésie dans une MJC au cours de laquelle il a affirmé que le dictionnaire est un outil et qu’à ce titre il faut l’utiliser. Cette phrase a changé mon rapport avec le dictionnaire et avec les mots.

Depuis, Jacques est entré à l’OuLiPo (en 1983) et travaille à faire vivre la langue, qu’il s’agisse de poésie, de roman, de nouvelle, de théâtre, de jeux (pas toujours oulipiens), d’ateliers, de lectures, d'articles, d'essai, etc.

trainjourC’est le hasard de plusieurs rencontres qui me fait l’évoquer ici aujourd’hui :

les Jeudis de l’OuLiPo à la BNF (prochain rendez-vous le 5 novembre avec un spectacle écrit et co-mis en scène par Jacques Jouet, Annette entre deux pays),

la lecture du livre de Gérard Genette, Codicille, qui m’a paru construit comme un autre livre, Des ans et des ânes, où Jacques « organise, rythme, rapproche, classe et déclasse, combine, exploite… les pièces à conviction des histoires qu’on invente »,

les parutions de l’été (Bodo, chez P.O.L., et Poèmes de Paris. Une anthologie à l'usage des flâneurs, éditée par Parigramme),

le texte d’un seul vers écrit devant le paysage mouvant d’un voyage ferroviaire de Paris à Bourges, Un train traverse le jour, n°178 de la Bibliothèque Oulipienne
et une variante du jeu d'hier sur ce blog (« à chaque jour suffit sa peine ») qui donne cette phrase : à Jacques Jouet suffit son poème (quotidien).

Première page du livre intitulé Des ans des ânes :

1.
Comme la serveuse me demandait si je voulais un café, à ma grande stupéfaction, moi qui n’en prends jamais, je répondis du tac au tac : « Avec plaisir. »
Un soir, c’était à Etampes, porte de la Beauce, j’étais assis dans un restaurant marocain situé sous les arcades de la place Saint-Gilles. J’étais seul. Je finissais de dîner sans hâte. J’étais comblé.

Un peu plus tard, en tournant mon sucre, je commençai à rêver sur les expressions disponibles qu’avait si rapidement supplantées cet avec plaisir incongru. Dans un ordre de pertinence décroissant, non merci, puis loin derrière pourquoi pas ?, volontiers (que j’utilise volontiers), je veux bien, d’accord, oui… ne m’étaient pas venus en bouche, quand ma conscience m’affirmait à présent que chacun de ces termes aurait eu toutes les raisons d’être préféré à celui qui était sorti. (…)

desansdesanes_001J'ai évoqué ci-dessus le hasard, mais est-ce un hasard si Annette, annetteentredeuxpaysqui revient dans les titres de Jacques Jouet (Annette et l'Etna - publié chez Stock en 2001 -, Annette entre deux pays - publication à venir -) semble le prolongement du mot an, paraissant, déjà infléchi, dans ce titre publié chez Ramsay en 1988, Des ans et des ânes ?

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