Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
main tenant
20 avril 2024

Un mot pour un autre

Voici quelques poèmes, dont le premier m’est revenu en mémoire à la lecture du livre de Jane Sautière présenté ici, dans ce blog, et dont je reprends la fin ci-après :

 

 

Que sont mes amis devenus

Que j'avais de si près tenus

Et tant aimés

Ils ont été trop clairsemés

Je crois le vent les a ôtés

L'amour est morte

Le mal ne sait pas seul venir

Tout ce qui m'était à venir

M'est avenu

 

Pauvre sens et pauvre mémoire

M'a Dieu donné le roi de gloire

Et pauvres rentes

Et droit au cul quand bise vente

Le vent me vient, le vent m'évente

L'amour est morte

Ce sont amis que vent emporte

Et il ventait devant ma porte

Les emporta

 

L'espérance de lendemain

Ce sont mes fêtes

 

(Rutebeuf adapté par Léo Ferré)

 

 

Ce sont ces vers que vous allez modifier. Pour cela vous y introduirez des mots de l’un des quatre autres poèmes, comme je vous le montre ci-dessous.

D’abord, choisissez un de ces poèmes : l’un ou l’autre de Jules Supervielle ou celui de Béatrice Libert ou celui de Mireille Fargier-Caruso.

 

 

Encore frissonnant

Sous la peau des ténèbres

Tous les matins je dois

Recomposer un homme

Avec tout ce mélange

De mes jours précédents

Et le peu qui me reste

De mes jours à venir.

Me voici tout entier,

Je vais vers la fenêtre.

Lumière de ce jour,

Je viens du fond des temps,

Respecte avec douceur

Mes minutes obscures,

Épargne encore un peu

Ce que j’ai de nocturne,

D’étoilé en dedans

Et de prêt à mourir

Sous le soleil montant

Qui ne sait que grandir.

 

Jules Supervielle - La fable du monde

 

 

Je bats comme des cartes

Malgré moi des visages,

Et, tous, ils me sont chers.

Parfois l'un tombe à terre

Et j'ai beau le chercher

La carte a disparu.

Je n'en sais rien de plus.

C'était un beau visage

Pourtant, que j'aimais bien.

Je bats les autres cartes.

L'inquiet de ma chambre,

Je veux dire mon cœur,

Continue à brûler

Mais non pour cette carte

Qu'une autre a remplacée :

C'est nouveau visage,

Le jeu reste complet

Mais toujours mutilé.

C'est tout ce que je sais,

Nul n'en sait d’avantage.

 

Jules Supervielle, Le forçat innocent suivi de Les amis inconnus

 

 

Rappelle-toi nous étions en avril

Le monde était cet étang

Autour duquel nous promenions

Notre désir insatiable d’aller

On décryptait les heures les paysages

Comme autant de poèmes graphiques

Les limites autorisaient en nous l’illimité

Il ne fallait en rien faillir

 

Parfois on ne savait pas

Si la jour était dans la nuit

Si la nuit hantait le jour

Tressés l’un en l’autre ils ondoyaient

Le siècle devenu bancal

Cherchait une place au soleil

Une espérance comme un glaïeul

Revenu d’un antique jardin

 

Quelques fétus flottants

Semblent narguer notre lourdeur

Que charrient-ils avec l’indifférence

Des bois morts ou des rêves stériles ?

Le ciel les invite au voyage

Satellites de notre imaginaire

Cousins de ceux qui tournent

Dans nos proches confins

 

Béatrice Libert, Comme un livre ouvert à la croisée des doutes

 

 

L’arôme du silence à midi sur la mer inscription légère des mouettes

dans l’incendie du jour non loin du champ si gai des citronniers

soleil mêlé à l’eau turbulence des souffles épaules dénudées

les mains sur les genoux les hanches c’est la première fois

 

un émoi si vif à vaciller un cri dans l’herbe dépliée comme un drap

nulle ombre encore sur la nuque migration des caresses sur la peau

lèvres entrouvertes dans l’allégresse de juillet ce feu où tu te perds

comme une émeute en toi cet au-delà entre les jambes

une musique que tu n’oublieras plus

 

plus tard le calme des dunes respiration tranquille du sentier

qui ramène au village avec dans la bouche un goût de fruit tout juste mûr

très frais avec ce plein au corps odeur de laurier sous les canisses

langueur du soir la danse des voiliers le grincement des mâts

 

assise sur un banc devant la maison le cœur suit le rythme des pas

qu’il reconnaît si bien de loin le sang bat plus fort aux tempes

tout autour t’enveloppe la brume chaude des plages un peu de sable déjà

au seuil des doigts dessinant un désert futur impénétrable

dans le tumulte des oiseaux revenus et lentement l’obscurité blesse le jour

 

Mireille Fargier-Caruso, Un peu de jour aux lèvres

 

 

Exemple : je remplace des mots du texte de Rutebeuf par des mots du premier poème de Jules Supervielle.

 

Que sont mes amis frissonnants

Que j'avais sous la peau tenus

Et tous les matins aimés

Ils ont été recomposés

Je crois le vent les a mélangés

L'amour est précédent

Le mal ne sait pas peu venir

les jours qui m'étaient à venir

voici avenus

 

Pauvre sens et pauvre fenêtre

M'a jour donné le roi de gloire
Et pauvres temps

Et droit au cul quand bise respecte

Le vent me vient, les minutes m'éventent

L'amour est encore

Ce sont nocturnes que vent emporte

Et il ventait dedans ma porte

Les prêta

 

Le soleil de lendemain

grandit mes fêtes

 

Vous constatez qu’il faut échanger des mots vers après vers : dans le premier vers de Rutebeuf, remplacer un mot par un mot du premier vers de celui que vous avez choisi, et ainsi de suite. Il faut bien sûr un peu aménager le vers pour que ça tienne : accords de nombre notamment (singulier / pluriel).

Si vous n’allez pas au bout des vingt vers, ce n’est pas grave. Mais essayez au moins sur huit vers. Et postez votre poème ainsi recomposé dans les commentaires ci-dessous. Merci

Commentaires
G
Que sont mes amis en avril<br /> <br /> Que j'avais au monde tenus<br /> <br /> Et tant promenés<br /> <br /> Ils ont été trop insatiables<br /> <br /> Je crois les heures les a ôtés<br /> <br /> Les poèmes sont morts<br /> <br /> La limite ne sait pas seule venir<br /> <br /> Tout ce qui m'était à faillir<br /> <br /> M'est su<br /> <br /> <br /> <br /> Pauvre nuit et pauvre mémoire<br /> <br /> M'a Dieu donné le roi de jour<br /> <br /> Et ondoyantes rentes<br /> <br /> Et droit au siècle quand bise vente<br /> <br /> Le vent me vient, le soleil m'évente<br /> <br /> L'espérance est morte<br /> <br /> Ce sont amis que jardin emporte<br /> <br /> Et il flottait devant ma porte<br /> <br /> Les nargua<br /> <br /> <br /> <br /> L'indifférence de lendemain<br /> <br /> Ce sont mes rêves stériles
Répondre
B
Que sont mes cartes devenues ?<br /> Que j'avais de si près tenues<br /> Tous les matins aimées<br /> Elles ont été trop recomposées,<br /> trop rebattues !<br /> Avec tout ce mélange<br /> de mes jours, le vent a ôté<br /> le peu d'amour qui me restait<br /> Le mal de mes jours ne peut que venir<br /> Maintenant que ces jours me sont comptés....
Répondre
S
Que sont mes amis devenus à la peau frissonante <br /> Que j' avais peau à peau defroisses<br /> Et chaque jour et nuit chéris<br /> Ils ont été éparpillés <br /> Je crois le vent les a fait virevolter <br /> L' amour est partie <br /> Le mal a ete aidé pour venir <br /> Tout ce qui composait mon avenir <br /> M' est avenu .
Répondre
main tenant
main tenant
Derniers commentaires