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main tenant
2 mai 2020

"Le premier jour du reste de nos vies"

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Pour ce samedi, lendemain de 1er mai, je relaie cet appel à contribution de la Maison des Arts de Créteil, à qui j'emprunte le titre.

Et je vous suggère d’écrire un texte en trois parties. La première commencera par ces mots : « À l’heure où je t’écris » ; la deuxième commencera ainsi : « Ailleurs où je t’écris » ; la troisième commencera par « Ailleurs, d’où je t’écris ».

Vous comprenez qu’il y a dans cette proposition un mouvement vers quelqu’un, quelque part, quelque chose. 

Exemple : À l’heure où je t’écris, le jour s’est déjà levé mais le soleil est encore accroché aux branches du marronnier dont les fleurs commencent à blondir le sol. Dans quelques instants, il dessinera sa fantasmagorie dans les aiguilles du sapin qui en frémissent déjà. Je ne les ai jamais vus si longtemps jouer ensemble, ceux-là, que le chant matinal des oiseaux semble remplir de plaisir immédiat. Ailleurs où je t’écris, vois-tu les mêmes choses, vois-tu le même ciel ? Tu me dis que la nuit a encore été illuminée de feux d’artifice et percutée de détonations redoublées. C’est ainsi que les ombres repoussent la haine et la peur, en illuminant les rues et plus jamais le ciel qui se contente du cycle de la lune et du feu du soleil. Ailleurs, d’où je t’écris à présent, le printemps est déjà trop avancé pour que je puisse imaginer qu’il refasse des bourgeons. J’aimerais pourtant que la terre obtienne qu’on l’écoute encore comme on l’a fait ces derniers jours, qu’on se demande ce qu’on y fait et ce qu’on ne veut plus y faire. Je sais, ça a l’air bête, mais j’aimerais qu’enfin, après toutes ces années où nous en avons été incapables, nous puissions non pas la changer mais l’accueillir, la vie. 

C’est à vous main tenant. Postez votre texte dans les commentaires ci-dessous. Merci.

Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi envoyer votre texte à la MAC de Créteil
qui se propose de recueillir vos contributions personnelles
à propos de "notre présent suspendu"
et "composant peut-être un dessein pour la suite"
et "grâce à vos récits faire surgir une époque et la transfigurer". 
(+) envoyer vos contributions mac@maccreteil.com.

Commentaires
G
À l’heure où je t’écris, les derniers rayons de soleil pénètrent dans ma chambre et j’entends encore le chant de quelques oiseaux. Sont-ce des mésanges, des pinsons ou de vulgaires moineaux, je ne saurais dire, mais ces notes joyeuses me sortent un peu de ma torpeur. Cette torpeur qui t’a déjà gagnée, ailleurs où je t’écris, et où ma missive ne pourra plus te parvenir. Tu as en effet rejoint les anges qui, peut-être, recevront ma missive et te la liront de leur voix mélodieuse et asexuée. Ils te diront combien j’aspire à te rejoindre, toi qui as enfin trouvé le repos éternel, le bienheureux silence et le serein paradis. Car moi, je suis encore sur cette terre, qui n’est plus que chaos, rumeur et confusion et dont je suis déjà exclu… Ailleurs d’où je t’écris, c’est un univers aseptisé où l’on m’a confiné. Je suis relié à plusieurs cordons ombilicaux, mais cette nouvelle naissance est un peu particulière : chacun de ces cordons me rattache à une mère différente : celle qui nettoie mes poumons, celle qui m’alimente et celle qui prend mon pouls et ma tension. Entouré de tous ces tentacules, c’est donc avec difficulté que je puis t’écrire de ma chambre blanche, où je ne reçois la visite que de quelques cosmonautes venus effectuer je ne sais quel examen sur ma carcasse défaillante. Bientôt, plus besoin de t’écrire : je t’aurai rejoint sur ton nuage céleste et nous profiterons de nos ailes d’anges pour lâcher la plume…
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L
A l'heure où je t'écris, il est minuit passé et je ne trouve pas le sommeil. Je tourne et je tourne sans trouver le relâchement, ni l'apaisement. L'homéopathie fonctionne bien avec moi pourtant, je prends régulièrement mes granules contre les anxiétés, mais ce soir, rien à faire. Je me lève, je fais les cent pas. Je bois une tisane, lis quelques lignes d'un livre dans l'espoir de m'assommer un peu. L'horloge tourne. Je ne ressens aucun signe de fatigue. Je décide de brancher mes écouteurs et d'écouter de la musique. Yeux clos, je me focalise sur ma respiration, j'inspire et j'expire lentement puis je laisse mes pensées vagabonder. Mon corps et mon esprit se relâchent enfin. Je sens que je suis sur la bonne voie. Dans un ultime effort, je me dirige vers la chambre pour retrouver mon lit et mon conjoint. Les paupières lourdes, je plonge dans le sommeil que j'ai tant cherché, toutes ces heures. <br /> <br /> Ailleurs où je t'écris, j'ai ressenti une vive douleur sur le bras droit. "Bastien, arrête maintenant! Bastien, ça suffit!". Nous sommes dans le train avec Bastien et les voyages en train ont toujours été pénibles pour lui. "Regarde ce que tu as fait, tu as mordu maman et j'ai très mal". Bastien se mit à pleurer. Bon, il reste encore 40 minutes de trajet avant d'arriver à Genève, il va falloir que je ruse pour l'occuper le temps restant. Jouer aux cartes, lire une histoire, faire des papouilles, déjà fait! Oh je sais..."Bastien, regarde ce que maman a trouvé dans son sac. Un livre de coloriage". Je sors le livre et les feutres, les tends à Bastien. "Qu'est-ce qu'on répond Bastien?" Bastien répond calmement "Merci maman". Ouf, mission accomplie!<br /> <br /> Ailleurs, d'où je t'écris, la chaleur du soleil sur ma peau me manque. Je ne me rappelle plus ce que cela fait de sentir son visage brûler par le soleil ou mouillé par la pluie. Cela fait trop longtemps que je ne suis pas sortie. J'ai envie de ce défi aujourd'hui, une vraie promenade! Pas celle du quotidien pâté de maisons qui permet de se dégourdir les jambes, je veux une promenade plus longue. Allons, je me prépare. Je sors avec ma canne, elle me sert d'appui quand je traîne du pied gauche. Ahh, ce que c'est moche de vieillir, ma jeunesse et mon corps d'antan me manquent tellement. Je prends un chemin que je n'ai pas emprunté depuis près de 30 années, celui des bords de Marne et avec ma canne, je marche.
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F
À l'heure où je t'écris, la lumière dorée du soleil matinal enveloppe le " Jardin Marianne ". Je laisse un peu mon télétravail de l'association pour le plaisir de t'écrire encore une fois, avant ton retour. J'ai vite pris une photo depuis la fenêtre, de toute la Place de la Nation, complètement déserte. Impossible de traduire cette ambiance irréelle de ville morte par un simple cliché. Toi et moi nous aimons tant la vie de cet espace vert avec ses promeneurs, ses familles ! <br /> <br /> Hier, je me suis approché du jardin. Les chants d'oiseaux envahissaient tout l'espace : les merles sifflaient pendant que les pies jacassaient et que les pigeons roucoulaient. C'est une symphonie. <br /> <br /> Mon regard s'est porté sur la statue du Triomphe de la République. Même vue de loin c'est fou comme je me sens intimidé par cette Marianne de bronze chargée de tant de symboles. <br /> <br /> <br /> <br /> Ailleurs où je t'écris, sors-tu toujours sur ton balcon pour voir la mer de bon matin ? <br /> <br /> M'as-tu déjà écrit une belle lettre comme tu me l'as promis ? Je te sais très occupée. Entends -tu toujours les cris des cormorans doublant le concert des goélands ? Je rêve avec toi, ma chérie, aux marsouins sautant dans le Vieux Port, aux dauphins qui suivent les bateaux, et même aux baleines bleues au large des îles. Quand la vie reprendra son cours, on aura besoin de nos rêves, autant que de courage et d'espérance. <br /> <br /> Continues-tu d'aider le restaurant solidaire au pied de l'immeuble ? Je te reconnais bien là. Tu fonces toujours avec générosité vers le meilleur pour aider les autres, <br /> <br /> Et voilà que nous allons nous retrouver bientôt ! Quel bonheur ! <br /> <br /> <br /> <br /> Ailleurs d'où je t'écris, la ville se prépare à reprendre vie et tout me paraît simple si nous voulons vivre au mieux notre quotidien. Ensemble nous ferons l'impossible pour rester sereins face aux difficultés de la reprise du travail. Compte sur moi, ma chérie. <br /> <br /> Ce confinement a marqué un coup d'arrêt à notre agitation et toi comme moi avons besoin de plaisirs simples. Je pense par exemple à une balade dans les allées de notre Jardin Marianne, à l'ombre des grands arbres, où nous rencontrerons d'autres promeneurs que nous saluerons, avec qui nous converserons. <br /> <br /> Tu vois la peur de la contamination n'a pas retiré notre désir de sociabilité. <br /> <br /> Peut-être ces personnes ont-elles participé comme nous à un grand mouvement de solidarité. Il n'y a jamais eu autant de signes de solidarité depuis que les gens sont contraints de rester chez eux, face à eux- mêmes. <br /> <br /> Je t'attends pour que nous construisions un vie meilleure.
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P
A l'heure où je vous écris la soirée est engagée. Le soleil qui tout à l'heure nous illusionnait, laissant à penser que le covid n'est pas si pire, le soleil n'est plus là pour nous faire oublier le présent. <br /> <br /> Ailleurs où je vous écris il y a sans doute des optimistes incorrigibles. Nous pouvons vivre notre présent comme une expérience disent ils. ça vaut le coup. Souris. <br /> <br /> Ailleurs d'où je vous écris il se pourrait que demain réalise une métamorphose planétaire où la nature reconnue, à nous ré-accordée nous permettrait de vivre dans un monde respirant et sensible. Le travail n'y serait pas absent mais le respect des travailleurs serait une réalité. Ailleurs... Sur une autre planète
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K
A l'heure où je t'écris de Paris, notre quartier est tout calme .La Maternelle voisine ne résonne plus des rires et des cris des gamins, en revanche dans la cour, les enfants de notre immeuble s'en donnent à cœur joie sans se soucier du confinement.<br /> <br /> Le silence est aussi troublé à 20h par les applaudissements en faveur des soignants: on découvre des voisins jamais vus, on se fait de grands signes, jusqu'à quand?<br /> <br /> <br /> <br /> Ailleurs où je t'écris, je t'imagine chez toi, en plein télé-travail, sous les pins de ta maison, sur fond de Méditerranée.<br /> <br /> Mais à l'heure du pastis, toi,tes amis et moi sommes obligés de trinquer par portable interposé. Personne ne doit venir vérifier si tu bois à 1 mètre d'eux. Le confinement au bord de mer parait moins contraignant!<br /> <br /> <br /> <br /> Ailleurs, d'où je t'écris, je pensais retrouver la vie "normale" d'avant, mais la distance sociale rigoureuse est toujours contraignante: En plus, des" brigades"<br /> <br /> vont dépister des contaminés, le StopCovid devrait "tracer" les malades, etc<br /> <br /> Disparu tout ce qui faisait nos liens avec les autres , qu'on aimait et qu'on recherchait.<br /> <br /> L'"après" dont on espère tant ne semble pas partir du bon pied. La situation et les hommes nous donnent- ils des raisons d 'espérer?
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