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14 novembre 2021

L'oeuvre au noir, film d'André Delvaux, d'après le roman de Marguerite Yourcenar

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MK2 Curiosity diffusait il y a quelques jours un film d’André Delvaux, d’après l’oeuvre de Marguerite Yourcenar, L’oeuvre au noir. Le livre est paru en 1968, le film réalisé en 1988. Je n’ai pas lu le livre, je viens de voir le film.

Une longue correspondance a été échangée entre l’autrice et le réalisateur avant la réalisation ; on peut donc considérer que le film est fidèle aux intentions de la romancière. Mais c’est étrange de le voir ces jours-ci. 

Zénon Ligre (interprété par Gian Maria Volonte), médecin, philosophe, alchimiste, revient à Bruges après une longue errance, ses livres ayant été brûlés sur ordre de l’inquisition. Pour rejoindre la ville de son enfance, il voyage sous un faux nom avec le prieur des Cordeliers (interprété par Sami Frey) qu’il soigne d’une mauvaise affection de la gorge. Il se bat contre la mort qui a envahi l’Europe, la peste, et cherche à comprendre le corps humain, à une époque où la religion impose ses croyances et son pouvoir par la violence et le feu. Zénon, accusé de vouloir faire de l’or avec la boue, dit n’en être qu’au début : l’oeuvre au noir, qui est la première étape de la transmutation des métaux. C’est ce dont on l’accuse, sauf quelques amis très proches qui le protègent. Mais, peu à peu, il va les perdre, emportés par les maladies et se retrouvera seul face à l’autoritarisme qui va le condamner. Cependant il ne pliera pas et n’abjurera pas ses convictions, restant maître de sa vie et de sa mort.

Voir le film aujourd’hui ne peut que nous amener à faire le lien avec ce que nous vivons depuis près de deux ans. La pandémie est notre actualité. Quand on voit Zénon dont le bas du visage est couvert d’un masque, immédiatement on pense à nos masques actuels. Et ce sont presque les mêmes questions qui nous obsèdent alors : la vie sociale, la recherche scientifique, le confinement, les contrôles, les bouleversements européens, voilà le contexte. Le monde est en train de changer. 

Le regard que Marguerite Yourcenar porte sur le XVIe siècle est empreint de pessimisme : la liberté individuelle et la liberté de conscience y sont menacées. C’est ainsi que le traduit à l’écran André Delvaux. On y voit Zénon cherchant le soulagement pour lui-même en se baignant nu dans la Mer du Nord ou en dormant dans les dunes parmi la végétation. Et on le voit aussi décider de lui-même, jusqu’à la fin.

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