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1 juillet 2019

Le jour où mon père s'est tu, de Virginie Linhart

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C’est par une absence au repas de famille, organisé par le grand-père, que commence le livre. Robert, le père de Virginie Linhart, n’y est pas et personne ne dit pourquoi. Le silence dès la première page. Silence familial, silence dont on lira plus loin qu’il s’étend sur plusieurs générations. Mais ici, Virginie interroge le silence de son père, survenu après une tentative de suicide en 1981. Cet homme dont les proches disent qu’il était, avant ce silence, brillant, intelligent, voire « méchant » dans sa vie militante. Robert Linhart est le fondateur du mouvement maoïste en France. Il a créé l’UJC (ml), construisant une théorie révolutionnaire qui lui fera rater le rendez-vous de mai 68. D’ailleurs, à ce moment, il sera hospitalisé jusqu’en septembre. C’est après qu’il s’établira en usine, chez Citroen, engagement qu’il relatera dans son livre L’établi. Lorsque Virginie décide d’enquêter sur cette période et sur le silence qui l’a suivie, son père lui répond que « c’est vieux » et elle choisit d’aller voir les enfants des leaders de cette époque. Ce livre rappelle donc des souvenirs d’enfance, dans des groupes familiaux où ce qui primait, c’était le collectif plus que la famille, et la politique avant tout, donc avant les enfants, enfants qui étaient en permanence, jour et nuit, au milieu des adultes qui discutaient. Puis, dans les années 70, vint le temps des déceptions, des rivalités internes, des ruptures, des exclusions, des doutes. Certains ont continué le combat politique, ont trouvé de nouvelles formes d’engagement, par exemple le MLF… Les enfants, grandissant, ayant grandi, ont trouvé des places très diverses dans cette société que leurs parents avaient voulu changer jusqu’à l’utopie.

Tout ce chemin nous ramène à Robert Linhart, à son silence. Quand certains y voient une sorte d’aveu d’échec, Virginie propose de le comprendre autrement. 

Si toutes ces années de son enfance et de son adolescence n’ont pas été parfaites, elle n’en rejette pas l’engagement politique et s’étonne de voir quelques uns les trahir pour en finir avec l’héritage de 68. Il n’y a d’héritage que « sur le terrain des valeurs » : du côté des minorités, tolérance, partage et attention à ce qui se passe dans le monde, tenir sa parole…

Et de rappeler une chanson de Dominique Grange (« Nous sommes les nouveaux partisans »), la beauté des slogans, leur intelligence, leur esprit d’ouverture : « Nous sommes tous des juifs allemands », « étudiants solidaires des travailleurs », « il est interdit d’interdire »…

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