L'Ultime Humiliation, de Rhéa Galanaki

Athènes, berceau de la démocratie, de notre culture, qu’est-elle devenue aujourd’hui pour ces deux vieilles femmes, l’une ancienne professeure de Lettres, l’autre ancienne professeure d’Arts plastiques, et qui ont un peu perdu la tête ? L’une attend un signe de son père, disparu un jour de manifestation contre la junte des colonels, l’autre s’inquiète de l’engagement de son fils, Oreste, dans le contexte de la « crise grecque ». Comprenant que la prochaine décision du gouvernement (c’est avant l’élection de Tsipras) risque de les priver de l’appartement où elles sont logées sous la surveillance de Catherine (qui s’inquiète de l’évolution de son fils, Takis, vers Aube dorée), elles décident de fuguer. Mais c’est jour de manifestation et, sous leurs yeux qui piquent à cause des lacrymos, elles assistent à l’affrontement qui va mener, en particulier, à l’incendie d’un cinéma. Perdues, incapables de se retrouver dans une Athènes qu’elles ne reconnaissent pas, incapables de retrouver leur maison, elles vont errer, un peu comme Ulysse, plusieurs jours, plusieurs semaines, rejoignant les nombreux sans domicile de la ville, devenues mendiantes. Nous allons vivre avec elles et ceux qui les entourent la Grèce d’aujourd’hui, ses inquiétudes profondes, ses questions.

Nous avons cru  en nos engagements de jeunesse. Notre cause était juste. Mais quoi, aujourd’hui ? Et la jeunesse se déchire comme elle le faisait sans doute quand nous étions les jeunes. De quoi demain sera-t-il fait ? Et pour quel but nous engager ? 

L’Ultime Humiliation est une icône de la religion orthodoxe. « Mais tu n’avais pas d’autre antidote à la peur que l’amour ».