Comment ça va pas ? conversations après le 7 octobre, de Delphine Horvilleur (éd. Grasset)

Il I est difficile de se parler, depuis le 7 octobre… C’est justement de conversations qu’il s’agit dès le titre du livre de Delphine Horvilleur. La plus grande partie du livre est hantée par le retour d’un « refrain populaire », l’antisémitisme. Et par la douleur des juifs, où qu’ils soient, après l’attaque du Hamas. La mort envahit la vie. Il faut atteindre la page 100 pour que Delphine Horvilleur parle de ses conversations avec Wajdi Mouawad puis Kamel Daoud. Les deux, comme elle, sont accompagnés de fantômes. Un peu plus loin, dans ce livre, elle évoque un sermon  qu’elle a prononcé le jour de Yom Kippour, le 24 septembre. Elle y parlait, ce jour-là, « du danger que court Israël chaque fois qu’il se sent infaillible,(…), chaque fois qu’il oublie le visage d’un autre qui lui fait face ». Elle « pointai(t) du doigt la politique du gouvernement israélien en place, son arrogance, et l’hubris de force et de puissance qu’il cultive »… Elle écrit encore : « ma douleur se nourrit de tous (ces) désespoirs, de ces deuils infinis d’Israël, de ces cris des mères palestiniennes, de toutes ces vies brisées dont il faudrait pouvoir raconter une à une l’histoire ».

Au moment de sa rencontre avec Kamel Daoud, elle écrit : « Rencontrer l’autre et trouver les passerelles qui nous relient devient une mission presque impossible. »

Dans l’entretien évoqué hier dans ce blog, Yara el-Ghadban dit aussi la nécessité de se parler : « Si on n'arrive pas à imaginer une société où nous vivons ensemble, on ne pourra pas la créer. »
L’entretien se terminait avec ces mots : « Au début, on me demandait quasiment de m'excuser d'être Palestinienne. Et je disais aux gens : moi, j'ai quand même eu l'audace de dire 'je suis Ariel Sharon’ (livre publié en 2018 par Mémoire d’encrier). Est-ce que vous, pendant cinq minutes, quelques secondes au moins, vous vous demandez ce que c'est d'être un Palestinien sous occupation ? »
Après les conversations que contient le livre de Delphine Horvilleur, une autre conversation avec Yara el-Ghadban serait bienvenue.