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14 mars 2024

Culbuter le malheur

Culbuter le malheur, de Beata Umubyeyi Mairesse (éd. Mémoire d'encrier)

Beata Umubyeyi Mairesse est née à Butare, au Rwanda, en 1979. Elle est arrivée en 1994 en France, après avoir survécu au génocide des Tutsis. Elle emprunte une définition de la poésie à Georges Castera Fils : « De grenn-mo pou chavire malé ! » (Des paroles semées pour culbuter le malheur).

Dans le prologue, elle écrit : « Nos enfants ont appris, en grandissant, à cohabiter dans nos coeurs avec des absents. (…) Le monde, lui, qui avait assisté à notre massacre les yeux grand fermés, est vite passé à autre chose. (…) Un million de morts en trois mois. (…) Bien souvent, ce sont d’autres qui racontent ce génocide au monde, nous donnant l’impression d’être devenus les figurants de notre propre histoire. (…) Il faut dire les mots, dire et ne pas renoncer à notre tentative quotidienne de culbuter le malheur. (…) Culbuter le malheur pour les enfants du jour d’après. »

 

Pour vous inviter à lire ce recueil, en voici quelques vers :

 

S’il te plaît vois entends mais ne dis rien
C’est à moi de tisser mon récit

 

Comme des enfants après un cauchemar
Il aurait fallu nous rassurer consoler apaiser
Des pansements à changer souvent
Et une délicatesse infinie derrière chaque mot
Amour et patience infinie

 

L’expérience dont nous sommes
Dépositaires
Est étrangère au monde
Des vivants

 

Elle s’est envoyé à elle-même
Les histoires
En poste restante
Dans son pays loin d’ici
Avec l’assurance de les retrouver un jour

 

Qui dira comme il se doit
Les cous coupés ?
Les mots comme nous
Ont été transformés en serpents
Que l’on coupe coupe

 

Les consonnes s’affairent à repriser
Les verbes troués
Les verbes butés
Les sujets démembrés
C’est un labeur incessant
(…)
Et toi tu ne te résous pas
À fermer les parenthèses

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