On veut, par la Khta Compagnie

Il y a un peu plus de six mois, j’assistais à l’inauguration d’une structure en bois conçue par la Khta Compagnie dans un quartier de Nanterre (92). Ce n’était qu’une étape d’un travail commencé avec une collecte de désirs (répondre à la question « qu’est-ce que tu veux ? ») et dont j’ai vu un des aboutissements au Festival Parade(s) récemment. Cet après-midi là, entrant dans le Parc des Anciennes Mairies, on voyait, au centre de l’allée, une sorte de piédestal dont la partie supérieure tournait dans le sens des aiguilles d’une montre. Quelqu’un.e debout dessus disant, en regardant dans les yeux chaque personne du public dont la plupart se sont trouvé.e.s là par hasard, « On veut ». Et la liste est longue : au moins un an de collecte. On entend bien qu’il y a plusieurs sources et pourtant ça résonne comme si ça venait d’un seul corps, un corps social. « On veut », ça peut être un désir, mais ça peut être aussi une exigence. Le sujet du verbe vouloir, ici, n’est pas neutre : « on », c’est aussi « nous ». Il me faut bien admettre que le passage du « on veut » à « nous voulons » implique un engagement différent. Mais, pendant l’énumération de cette sorte de litanie, parfois suspendue par une explication, une intention qu’on veut préciser, chaque personne du public, intriguée par le dispositif, par les mots qu’elle entend, se sent partie prenante d’un élan, d’un espoir, peut-être d’un projet. Comme toujours il me semble, dans les spectacles de la Khta Compagnie, il n’y a pas de personnage, le texte est commun à tous, certaines phrases peuvent être dites par l’un ou par l’autre. J’avais vu, dans les propositions de la Compagnie, qu’il existait de ce spectacle des versions en solo, et j’ai appris, ce jour-là à Nanterre, qu’il pouvait aussi se dérouler avec 30 voix différentes. On en veut encore.