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10 mars 2024

L'occupation, d'Annie Ernaux, mise en scène par Pierre Pradinas

J’ai d’abord pensé que ce livre ne me concernait pas. Je ne l’avais pas lu quand j’ai vu, il y a quatorze ans, le film de Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic, avec Dominique Blanc, L’Autre, mettant à l’écran le récit d’Annie Ernaux. L’annonce de la mise en scène de Pierre Pradinas m’a amené à le lire et j’y ai trouvé des échos avec des vers de Racine. Il y a dans Phèdre, de Racine, par exemple, des vers qui résonnent avec ce texte. C’est sans doute pourquoi je ne suis pas étonné de trouver le nom de Dominique Blanc, qui interprétait Phèdre il y a quelques années, dans une adaptation du livre d’Annie Ernaux au cinéma. Non que l’autrice ait écrit une pièce de théâtre faite de personnages imaginés, puisqu’il s’agit bien d’une expérience personnelle. Mais elle ne fait pas que raconter « sa » jalousie ; elle traite de « la » jalousie et chacun.e peut y être plus ou moins confronté.e.
Au micro Anne Consigny lit le livre au début et à la fin ; elle y dit aussi les phrases où l’autrice parle de l’écriture, puisque l’écriture est en jeu comme l’est le corps dans ce texte. Un chemin part de ce micro vers le fond de la scène où il fait un angle droit avec un autre chemin allant de jardin à cour. La musique qui dialogue avec le texte remplit une grande partie de l’espace à cour : Christophe Disco Minck joue de la harpe, de la guitare, du piano et d’autres instruments, chante parfois donnant un volume à la voix.

Un écran en fond de scène illustre certains passages : images de ville, listes, projetant le récit dans l’espace où il est advenu.

Annie Ernaux l’écrit quand « l’occupation » dont elle témoigne est déjà finie : ce n’est pas un journal, ni un guide pratique pour se débarrasser de la jalousie. Cette « occupation » est « un temps circonscrit et achevé ». Quel est donc le sort du livre que la comédienne jette à la fin, si le cinéma et le théâtre le reprennent ainsi, le faisant sortir de ce temps ?

C’est Romane Bohringer qui avait créé ce spectacle mis en scène par Pierre Pradinas. Je l’ai entendue dire, il y a plusieurs mois sur France Inter, que le texte d’Annie Ernaux avait été important pour elle. Pas étonnant qu’elle soit passée à autre chose, le temps de « l’occupation » devant sans doute être ce « temps circonscrit et achevé ».

J'ai vu ce spectacle au !POC! d'Alfortville (94)

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