Disparaître en quelques phrases

J’ai constaté qu’il arrive que le clavier de mon ordinateur ne sache pas quoi faire avec la lettre « e ». Soit elle ne s’affiche ni ne s’imprime, soit elle le fait en double. Bien sûr, je corrige quand je m’en aperçois. On serait tenté, ceertes, de reprendre la contrainte de La disparition de Georges Perec, mais c’st déjà fait.

Et voilà que, malencontreusement, dans un texte, voulant écrire « moteurs », j’écris « moeurs », et que, progressivement le mot disparaît, perdant une lettre à la fois : « meurs », « murs », « mus », « us », «  ». Il y avait là de quoi jouer : écrire un texte où les mots successifs apparaîtront phrase après phrase. Il y a ici six mots, il y aura six phrases.

Au commandement, nous devions couper les moteurs. C’était inscrit dans les moeurs du régiment. « Si tu ne coupes pas, tu meurs », disait-on aux nouvelles recrues. « Ou bien tu seras de corvée à nettoyer les murs des chiottes ». L’ordre de rouler qui nous avait mus était interrompu par celui-ci. C’était inscrit dans nos us et coutumes. 

Trouvez, à votre tour un mot de cinq, six ou sept lettres qui peut, comme « moteurs », se réduire d’une lettre à la fois. Autant que possible, gardez l’ordre des lettres.

Exemples :
charme - carme - arme - âme - me
prisme - prise - pisé - pie - pi
plaire - plaie - plie - lie - li (ou il)

Une fois votre liste faite (vous pouvez utiliser l'une de celles qui précèdent), écrivez un texte où les mots successifs apparaîtront phrase après phrase, et, ainsi, le mot initial disparaîtra.

Et postez votre texte dans les commentaires ci-dessous. Merci.

Photo : David Miller

Comments

[ennovy]

Quand, après ce chagrin

et inondée de LARMES

je n'ai plus que la force

de déposer les ARMES

je rêve par-dessus tout

de voguer sur les MERS

et poser MES bagages

là où tu ES, ma mère.

[eva]

Quand une cellule rouille, sur un contour

Sous les ruines d'une cornée, bruine une rioule bleue

En transe,

Expirent des spires en feu

A l'axe sacrale, une luminance,

Et mon iris roule, un tour,

Sur nos ébats-débris, trépasse, ta pupille poisse,

Sue en saccade

Déphase, dans son orbe malade

Roué de coups

Brève enstase

Entre les murmures d'une rue

Se mêlent nos râles rances

Sous les paupières inertes, silences,

un ru gluant étrangle un temps

Nos saveurs contraires contre ton indéhiscence"

Brouille-rouille-rioule-roule-roué-rue-ru

[KISTROT]

Au loin, il vit sur la colline sa maison CRAMER.

Il lui fallut RAMER avec l'énergie du désespoir pour revenir sur la côte.

Il était triste et AMER d'être partis en MER ce jour malgré l'alerte rouge de la Météo.

Je ME suis toujours demandé comment il avait pu être aussi imprudent.

[Sib]

Sur mon CHANTIER, je me plais à CHANTER à pleins poumons pour couvrir le bruit de la ponceuse. La nuit, tous ces travaux viennent me HANTER : demain, il faudra se HATER pour passer la deuxième couche de peinture, remonter à la HATE les poignées de porte, peindre les radiateurs ... Mon pote me dit : qu'est-ce que t'as A TE fatiguer avec un pinceau au lieu d'acheter un pistolet à peinture ?! Ça me fait de la peine de TE voir comme ça ! Moi je lui réponds : T'occupe !

[Fadila]

Une PRUNE couverte de plus d'une RUNE a sautillé sur un rondin, UNE table de fortune, NE s’arrêtant qu’une fois tombée dans le tout petit cratère laissé par le tout petit caillou qui s’est remis à rouler. C’est à cet emplacement précis que naquit le prunier magique dans la forêt brulée.