Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
main tenant
8 février 2021

Funambule majuscule, lettre de Guy Boley à Pierre Michon et réponse de Pierre Michon (éd. Grasset)

9782246825609-001-T

Guy Boley fut acrobate, funambule. il s’y cassa plusieurs fois les os mais il raconte le désir d’être là-haut sur un câble et d’avancer sans filet au-dessus du vide. Il se raconte comme s’il avait raté quelque chose, comme s’il avait fait un faux pas. Il regrette « la fin d’un monde », ce monde qu’il avait rêvé, « idéaliste à l’état pur » , de ceux qui, écrit-il, « se font baiser par les mots et qui, lorsqu’ils s’en rendent compte, ne peuvent plus devenir que clochards ou funambules ».  Pourtant, dans ce texte court et percutant, on sent bien qu’il n’a pas perdu son idéalisme.
Pour ma part, je relève de sa lettre à Pierre Michon deux passages qui me touchent très directement.
« Le seul vers que citait régulièrement mon père était : Le coup passa si près que le chapeau tomba. » 
« Je me souviens d’un petit prolo typique (…). Il avait été soudeur à Saint-Nazaire sur les chantiers navals : le prolo idéal. »

Et puis il y a du Rimbaud dans le funambule, qui tend « des cordes de clocher à clocher » et qui danse…

Et cette lettre, Guy Boley l’envoie donc à Pierre Michon qu’il avait rencontré bien avant de publier son premier livre quand le destinataire venait de sortir ses Vies minuscules. Entre ces deux-là, il y a une sorte de rage, de savoir « qu’il était requis d’être très pauvre, rebelle et fou, de dire non à ce monde », comme Pierre Michon l’écrit dans sa réponse. Il fait donc la manche et des trucs « de fou », comme « casser, et plus souvent (s)e faire casser ». 

Il n’y a pas de quoi se plaindre. L’un et l’autre ont gagné « l’assentiment, le don sacré de dire oui », citant l’un et l’autre ces mots que Nietzsche fait dire à Zarathoustra et qu'il poursuit par cette phrase : « celui qui a perdu le monde veut gagner son propre monde ».

Commentaires
main tenant
main tenant
Derniers commentaires