Que dire ? de Rebecca Lighieri et Jean-Marc Pontier
Les rabats de la couverture de cet ouvrage présentent les auteurs : Emmanuelle Bayamack-Tam (qui signe ce récit graphique de son pseudonyme Rebecca Lighieri) et Jean-Marc Pontier sont co-fondateurs, avec Michael Foucat, Brigitte Palaggi et Olivier Domerg, de l’association Autres et pareils. Une association créée en 1992 et « privilégiant la rencontre, l'échange, la confrontation d'artistes pour la création et la promotion d'œuvres et d'ouvrages à caractère artistique ».
On y dit également qu’Emmanuelle Bayamack-Tam est née à Marseille. Pas étonnant qu’elle en connaisse des rues dont les noms « ne vous diront rien », le passage par la place Henri Dunant pour accéder au Palais Longchamp, un jardin zoologique où l’on ne voit plus « l’ombre d’un ours ou d’une girafe depuis la fin des années quatre-vingts ». C’est ici la ville de l’enfance : Salvatore a dix ans quand il rencontre Alice. Dix ans et toute la vie à venir. Mais « grandir (les) sépare ». Salvatore va « dealer un peu de tout » et, quand le hasard lui fait à nouveau rencontrer Alice, elle a commencé à sombrer dans la tristesse. Il aurait dû se méfier de la carte de tarot, le tarot de Marseille, qu’elle lui avait donnée un jour de grand vent et qu’il a gardée tout ce temps. La carte des catastrophes contre laquelle on ne peut rien.
Les personnages que je connais de Rebecca Lighieri ou d’Emmanuelle Bayamack-Tam sont souvent dans ces zones périlleuses de la fin de l’enfance ou de l’adolescence, où tout peut arriver, où des secrets s’enfoncent. Peut-on les exhumer sans danger ?
Les chansons qui rythment ce récit parlent du désir de nager dans une fontaine (Conversation 16 - The National), mais c’est dans un bocal qu’ils nagent (Wish You Were Here - Pink Floyd).
Les dessins de Jean-Marc Pontier donnent une énergie particulière à ce récit et le font vibrer sous la puissance des taureaux, ceux qui « traînent le char de la Durance » et ceux qui vont hanter la relation d’Alice et Salvatore.