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24 novembre 2019

Reconstitution : le procès de Bobigny

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À ce théâtre-là, le public est invité à se déplacer entre les espaces repérables par un carton indiquant ce qu’on va entendre ici et là. On va donc écouter la parole d’une danseuse, d’une comédienne témoin au procès, d’une philosophe, et d’autres, au total une douzaine de personnes, ayant réagi aux documents relatifs au procès de Bobigny : « Fin 1972, deux ans avant la loi Veil sur le droit à l'avortement, le procès de Bobigny contribue à faire évoluer les mentalités réactionnaires de l'époque mais surtout à mettre le système judiciaire français et la législation en vigueur face à une évolution indispensable, celle de la modification de la loi de 1920, condamnant l'avortement. Ce procès emblématique est devenu une véritable tribune, menée par l'avocate Gisèle Halimi et dans laquelle nombre de femmes et d'hommes, intellectuels, activistes, médecins, se sont engagés afin de lutter pour la liberté du droit des femmes à disposer de leur corps. La situation est banale à l'époque, un fait divers récurrent : une jeune fille de 16 ans, Marie-Claire Chevalier, avorte suite à un viol. Sa mère, Michèle Chevalier, l'aide à trouver une faiseuse d'anges malgré la législation en vigueur qui réprime pénalement l'interruption volontaire de grossesse. Dénoncée par l'auteur même de ce viol, la jeune fille est alors inculpée pour avoir fait pratiquer un avortement illégal selon l'article 317 du code pénal. Sa mère et deux de ses collègues sont également inculpées pour complicité, une quatrième est inculpée pour avoir effectué l'acte illégal. » (extrait du dossier de présentation)

Devant chaque chaise où va prendre place l’actrice ou l’acteur, un certain nombre de chaises pour les spectatrices et spectateurs qui vont écouter les paroles au moyen de casques sur les oreilles. L’interprète peut changer de rôle après chaque intervention. C’est la parole qui compte et, de cette façon, elle est adressée à chacun.e de nous.

Je n’ai pas pu écouter tout ce qui est proposé dans ce dispositif mais ce n’est pas indispensable. Je trouverai sans doute d’autres textes, plus tard, que cette soirée m’aura donné envie de lire ou d’entendre.

De ceux que j’ai reçus ce soir-là, je retiens que toute l’action menée à propos du corps des femmes, de la nécessité que les femmes puissent disposer de leur corps, que cette lutte ne concerne pas que les femmes, qu’elle a des conséquences sur la société toute entière. Le combat mené pour l’avortement et la contraception est celui qui fait entrer dans une véritable société démocratique où les droits ne doivent pas différer en fonction du sexe. L’usage qui dominait dans et avant les années 1970, par exemple à La Réunion, méprisait le corps des femmes (stérilisation forcée) ; en Argentine, le droit des femmes et les droits de tout un chacun sont liés dans des revendications qui montrent les liens entre l’intime et l’économique.

Ainsi, il ne s’agit pas de bricoler une reconstitution avec un public passif, assis dans les gradins d’un théâtre. Il s’agit de diffuser des paroles et que chacun.e les reçoive après avoir choisi telle ou telle personne à l’origine de ces paroles, et que chacun.e prenne conscience de ce qui se décide là de notre façon de vivre ensemble, et même de la nécessité aujourd’hui de transformer notre relation à l’autre, au théâtre lui-même.

J'ai vu ce spectacle au !POC! d'Alfortville (94). Il sera présenté dans de nombreuses villes et, notamment, le 28 février 2020, au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine (94)

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