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28 mai 2019

À côté, par le Théâtre de l'Escapade

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Deux images se sont superposées à celle qui m'était présentée sur le plateau : celle d’une veste suspendue au dossier d’une chaise pour évoquer l’absence de l’homme dans un spectacle de la Compagnie Difé Kako, Aski paré, et, surtout, la salle des pendus où les mineurs accrochaient leurs vêtements avant de descendre dans la mine. Dans les deux cas, le vêtement n’est qu’une enveloppe vide qui dit l’absence, la douleur de l’attente, l’impatience, l’espoir, parfois la colère. Le partage du café montre que nous sommes dans un lieu où se retrouvent des femmes, et dans ce lieu elles parlent de ce manque : les hommes sont en prison. Deux actrices incarnent les femmes dont les témoignages ont été recueillis par Stéphane Mercurio qui en a réalisé un documentaire plusieurs fois primé. Ce sont souvent des dizaines d’années de visites dans la prison dont nous ne voyons rien. Tant d’années pendant lesquelles les femmes continuent d’affirmer leur amour pour un homme dont elles ne savent pas quand il sortira puisqu’il leur semble que l’arbitraire décide de leur sort, ou bien que la prison « c’est sa vie », dit l’une d’elles. Un enregistrement de la voix d’une de ces femmes ouvre la représentation pour nous signifier que ce que nous allons voir est fait de témoignages et que le réel n’est pas loin. Certains propos de Hafed Ben Otman me reviennent mais il est du côté des détenus, de l’autre côté du mur. Rare est la parole de celles qui viennent souvent plusieurs fois par semaine franchir ce mur pour maintenir une relation vivante avec un mari, un enfant, un amoureux. Le fait de faire porter cette parole par deux actrices, contrairement à ce qu’on pourrait croire, n’éloigne pas le propos mais, au contraire, nous le rend plus proche.

J'ai vu ce spectacle au Théâtre de la Verrière, à Lille (59)

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