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4 novembre 2015

Transports en commun - Stations (entre les lignes), de Jane Sautière

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« Personne n’a, en fait, une expérience identique du transport collectif. »

Jane Sautière raconte la sienne. De l’enfance, quand le train passait au fond du jardin, à l’âge de la retraite qu’elle aura eu « beaucoup de mal à atteindre ». 

Si la biographie ferroviaire m’a semblé une belle façon de raconter les années, j’avoue que les points-de-vue sur les différents modes de transports qui font la seconde partie du livre ne m’ont pas toujours convaincu. Sans doute est-ce lié à ce que mon expérience des transports est différente et que, même si parfois je supporte mal les bousculades, les promiscuités du métro ou du RER, je n’attends pas d’un livre qu’il s’alimente des propos récurrents (et pas toujours fondés) à propos des retards, des mendiants, des autres côtoyés dans ces voitures. Certes nous ne les choisissons pas mais ils ne nous ont pas plus choisis. L’angoisse parfois, le stress souvent rendent les situations inconfortables. Mais c’est d’avoir choisi de vivre dans ces agglomérations qui est la première condition de nos transports. Ce ne sont pas tant les modes de transports qui sont en question que les gens que nous y rencontrons, inconnus souvent, dont on ne retient pas grand chose. Le livre de Jane Sautière, qui avoue souffrir d’une certaine claustrophobie, invite néanmoins à regarder autour de soi et, finalement, raconte cette vie sociale dans les villes quand on y prend le temps d'être attentif. 

Et, alors que je lisais ce livre au cours d’un voyage qui m’avait fait prendre un bus d’une gare à une autre avant de monter dans un train, l’attente dans la gare de correspondance m’a donné deux rencontres. La première, c’était une jeune femme, surprise comme moi de l’aspect de la station (ce n’était pas à proprement parler une gare : le bâtiment en était transformé en étude de notaire ; c’était plutôt une simple halte), et qui, après avoir téléphoné, m’a demandé avec un accent anglais et beaucoup d’hésitation si le train allait bien s’arrêter là. Nous n’étions que deux voyageurs et je ne parle pas anglais. Mais je l’ai néanmoins rassurée après avoir lu les indications sur l’abri aux abords du quai. Elle s’est éloignée, le train n’étant pas encore annoncé. C’est alors que j’ai remarqué que l’abri était occupé par un homme qui y avait élu domicile, comme on dit. Un canapé replié, une radio, des images collées aux trois murs de l’abri, et, bien sûr, pas de porte, le quatrième mur étant cette ouverture béante sur le quai et les rails. Nous avons engagé la conversation : il attendait la retraite, encore un an à attendre. Il était sorti du chômage et des droits minima parce qu’il avait perdu ou qu’on lui avait dérobé ses papiers. Les gens acceptaient sa présence, parfois lui apportaient des journaux ou à manger. La conversation n’était pas encore finie quand il m’annonça l’arrivée du train dont il avait reconnu de très loin le bruit. Et de me souhaiter un bon voyage. La jeune femme est arrivée pour monter dans un wagon différent du mien. Nous allions dans la même ville. À la sortie de la gare de destination, nous nous sommes salués. J’ai acheté un « sandwich américain » au stand d’un vendeur qui proposait nourriture rapide et boisson, et j’ai quitté la gare.

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