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8 mars 2014

Ecrire au féminin

l-ecrivaillon-ou-l-enfance-de-l-ecriture-regine-detambel

« L’utilisation de la contrainte recentre l’écriture sur le travail d’artisanat du texte. L’écrivain redevient enfin un ouvrier conscient de ses gestes, de ses ruses et de ses esquives. On remplace, pour la bonne cause, le carcan psychanalytique par un carcan formel ! C’est l’un ou l’autre, l’écriture automatique de Breton ou le lipogramme en E de Perec (pour ce mot, lipogramme, suivre le lien de l'Oulipo dans la colonne de droite) ! D’habitude, on part d’une idée pour aller au mot. Avec l’écriture sous contrainte, c’est l’inverse. Ce sont les mots qui vous sont fournis (par exemple les mots sans E), qui sont filtrés et limités dès le départ. Et c’est à vous de les combiner de telle sorte qu’un sens émerge quand même. Voilà ce qui permet d’explorer de nouveaux modes d’expression, voilà comment on se découvre parfois des ressources insoupçonnées. On peut d’ores et déjà en conclure que la contrainte n’est qu’un handicap "apparent" et que l’une des forces d’un texte contraint, c’est de braquer l’oeil du lecteur sur l’écrit lui-même, non pas sur l’histoire, et d’établir une connivence avec le lecteur qui se demande ou qui a compris comment c’est fait, comment c’est fabriqué, comment c’est construit, ourdi, tressé. »

Ce texte de Régine Detambel, soumettons-le à une des règles qu’elle s’est données et dont elle témoigne dans son livre L’écrivaillon : il s’agira de sexualiser, c’est-à-dire aujourd'hui d’en mettre tous les mots au féminin (puisque cette proposition est publiée ici le 8 mars). Dans la première phrase, il faudra changer « travail », « artisanat » et « texte ». Mettre au féminin, cela vous amènera peut-être à chercher des synonymes, à faire des périphrases. Il y a des mots qui sont déjà au féminin, ne les changez pas. Vous pouvez choisir de ne transformer que deux ou trois phrases, si la modification de tout le texte vous semble trop longue. N’allez pas voir d’abord les textes proposés. Faites le vôtre et ne regardez éventuellement les autres qu’une fois celui-ci envoyé dans les commentaires ci-dessous. Merci.

Commentaires
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L’utilisation de la contrainte recentre l’écriture sur la besogne de création de la gribouille. La scribouillarde redevient enfin une ouvrière consciente de ses gesticulations, de ses ruses et de ses esquives. On remplace, pour la bonne cause, l'entrave psychanalytique par une contrainte formelle ! C’est l’une ou l’autre, l’écriture automatique de Breton ou l'élision du E de Perec ! D’habitude, on part d’une idée pour aller à la locution. Avec l’écriture sous contrainte, c’est l’antithèse. Ce sont les expressions qui vous sont fournies (par exemple les saillies sans E), qui sont filtrées et limitées dès l'origine. Et c’est à vous de les combiner de telle sorte qu’une direction émerge quand même. Voilà ce qui permet d’explorer de nouvelles coutumes d’expression, voilà comment on se découvre parfois des ressources insoupçonnées. On peut d’ores et déjà en conclure que la contrainte n’est qu’une entrave "apparente" et que l’une des forces d’une bafouille forcée, c’est de braquer les mirettes de la lectrice sur la plume elle-même, non pas sur l’histoire, et d’établir une connivence avec la lectrice qui se demande ou qui a compris comment la chose est faite, comment l'oeuvre est fabriquée, comment la tartine est construite, ourdie, tressée.
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F
L'utilisation de la contrainte recentre l'écriture sur l'opération ouvrière de la teneur. La rédactrice redevient enfin une travailleuse réfléchie de ses initiatives, de ses ruses, de ses esquives. Personne remplace, pour la bonne cause, la camisole psychanalytique par une entrave authentique ! C'est l'une ou l'autre, l'écriture automatique de Breton ou la privation de la lettre "E" dans l'oeuvre de Perec ! D'habitude, personne part d'une idée pour aller à la locution. Avec l'écriture sous contrainte, c'est la contrepartie. Ce sont les expressions qui vous sont fournies (par illustration les locutions sans E), qui sont filtrées et limitées dès l'esquisse. Et c'est à vous de les combiner de telle sorte qu'une signification émerge quand même. Voilà ce qui permet d'explorer d'originales vogues d'expression, voilà comment personne se découvre parfois des ressources insoupçonnées. Personne peut d'ores et déjà en conclure que la contrainte n'est qu'une faiblesse "apparente" et que l'une des forces d'une rédaction contrainte, c'est de braquer l'opinion de la lectrice sur la composition elle-même, non pas sur l'histoire, et d'établir une connivence avec la lectrice qui se demande ou qui a compris comment la structure est faite, comment elle est fabriquée, comment elle est construite, ourdie, tressée.
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A
On peut d'ores et déjà en conclure que la contrainte n'est qu'une gêne apparente et que l'une des forces d'une rédaction contrainte c'est de braquer l'attention de la lectrice sur la création elle-même et non pas sur l'histoire et d'établir une connivence avec la lectrice qui se demande ou qui a compris comment la page s'est faite, comment elle est fabriquée, comment elle est construite.
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