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8 mars 2010

Trois femmes puissantes, de Marie Ndiaye

ndiaye_marie_couv_trois_femmes_puissantesLes trois femmes « puissantes » rencontrées dans le livre de Marie Ndiaye ne se connaissent que très peu. Une vague cousine, une rencontre furtive dans la maison paternelle, une origine commune (Dar Salam)… Mais ce n’est pas ce qui importe dans ce livre.

Quand on y entre, on est frappé par les odeurs douceâtres qui en émanent : floraison pourrissante, pain rassis, vieille odeur de l’intérieur d’une voiture. Ces odeurs ne vous lâchent pas, elles reviennent sans cesse si vous croyez les avoir oubliées.

Nous suivons donc trois personnes, Norah, Rudy (un homme entouré de deux femmes : Fanta et maman), Khady Demba. Toutes trois ont à faire avec des oiseaux très particuliers : le premier se perche sur le flamboyant, le second s’acharne comme une menace et devient simulacre, le troisième est un oiseau noir avec des plumes blanches à la poitrine.

Il y a cette sorte de vie magique à proximité des personnages, et, en même temps, ils sont terriblement humains, avec des faiblesses inavouables : comme le fait d’uriner quand on ne s’y attend pas, comme cette crise d’hémorroïdes soudaine, comme ces blessures intimes qui exténuent Khady Demba.

J’ai eu plusieurs fois envie d’arrêter la lecture, surtout dans la deuxième partie du livre. Et, à chaque fois, ne voulant pas abandonner le personnage, je revenais. Et chaque page, toujours, donnait de nouvelles informations, dans un style n’hésitant pas à répéter des mots comme « pénible, dégradant », et avançant quand même, avançant malgré. Pour les deux premiers, l’histoire se passe entre la France et le Sénégal. Pour la dernière, la France sera cette cousine inconnue et inaccessible.

Je sors de ce livre en regardant le ciel et la terre pour y surprendre ces oiseaux qui se perchent, secouent leurs ailes, volent, marchent, sautillent en claudiquant, et que seuls nous voyons, ayant lu ce livre pour lequel Marie Ndiaye leur a arraché, à chacun, une plume.

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