Éclats d’écho (Echosplitter), de Gisela Hemau (éditions unicité)
Gisela Hemau est née en 1938 et a publié plusieurs recueils depuis 1974. C’est de quelques-uns de ces recueils qu’Antemanha a choisi des poèmes ou de courts récits pour les interpréter avec l’ondiste Nathalie Forget et les publier chez les éditions unicité.
On ne peut certainement pas résumer l’oeuvre de la poétesse allemande en quelques poèmes mais on peut la rencontrer à travers ces choix.
Les textes sont courts et il me semble que les verbes s’y absentent souvent comme pour montrer un simple état des choses et des êtres. Ainsi dans les Chemins d’enfance :
La rue principale une cascade d’ombre et bien trop longue, trop large pour mon corps d’enfant qui se perd dans l’asphalte crevassé.
Au détour d’un virage, l’accès à l’ancienne fabrique. Immobiles, sur les marches, quelques femmes. (…)
Il est ici souvent question d’enfance, comme dans le poème intitulé d’un drôle de mot, Lufttürmerin :
Empileuse de tours-en-l’air
Dans sa cage de chaise
Suspendue entre les tours
elle se penche
le plus possible en avant
pour sauter
Mais les tours
sont petites comme
un jouet et se trouvent
sous la chaise
de son père
Il y a eu d’abord les Mains d’ombre
La rotation les soupirs légers
des mains de ma grand-mère
de ma mère
(…)
Et encore avant, une Croyance d’enfant :
Le fleuve est
dans le miroir de la chambre
L’enfant passe en flottant
Du terreau s’empile dans
les lits de père et mère
L’arbre qui y pousse
fait sauter la maison
L’enfant plus jamais ne devra atterrir
Vers la fin de ce recueil, à la Lufttürmerin répond la Luftgängerin, promeneuse des airs, sa mère qui marche sur les nuages. La poétesse n’y entend pas sa propre voix et le nuage sur lequel elle pose le pied se dissout. Elle continue cependant de marcher quoi qu’il puisse arriver.
Les poèmes sont ici publiés en allemand et en français (traduction et présentation de Antemanha), et accompagnés de tableaux numériques de Françoise Harf.