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14 mai 2025

ouverture

L'ouverture du Festival de Cannes me fait penser à Robert Desnos, dont les librairies indépendantes ont offert, il y a quelques jours, un texte dans lequel il dit la "puissance des fantômes".

Les fantômes existent.
Il n'est pas de jour où, à la faveur d'un souvenir, au gré d'un éclairage, à la surprise d'une musique, au hasard d'un rêve ou d'une rêverie, l'un d'eux ne surgisse devant nous, mieux armé que la sinistre Minerve, déesse des raisonneurs.
Ces illusions, ces erreurs, ces apparences sont aussi vraies, aussi réelles et même plus que le monde matériel auquel la civilisation européenne prétend borner la vie. Nés pour nous, par la grâce de la lumière et du celluloïd, des fantômes autoritaires s'assoient à notre côté, dans la nuit des salles de cinéma.
Le film s'achève. L'électricité renaît. La vie, au sens vulgaire du mot, va-t-elle reprendre ses droits prétendus par l'usage et la loi ? Non. Le fantôme sort de la salle, au bras du spectateur, dans une ville transformée par l'imagination. Le destin suit un autre cours. (...)

13 mai 2025

Ouin Ouin Boogie

 

Chloé Delaume a publié cette chanson, Ouin Ouin Boogie, dans son livre Phallers et son album, Sentiments négatifs. En voici le clip, qu'on peut voir sur youtube (https://youtu.be/zKz1KYGiJJY?feature=shared)
Récemment, ici dans ce blog, je présentais une exposition d'oeuvres d'Artemisia, oeuvres datant du XVIIe siècle. Certaines images du clip me font penser à quelques-unes de ces peintures. Ce n'est bien sûr ni le même support ni la même époque, mais, à n'en pas douter, toutes deux dénoncent le viol, quand bien même on ne peut pas réduire Artemisia Genteleschi et Chloé Delaume à ce seul aspect.

 

12 mai 2025

loque

Lu dans l'anthologie Les grandes choses, de Christian Dotremont dans la collection Poésie Gallimard

J'étais drapeau, souvenez-vous. Je ne représentais aucune nation, j'étais drapeau écorché au vent de la rue du Dauphin, je me gonflais, j'avais de bonnes joues de toutes les couleurs, ma hampe avait de qui tenir, de quoi tenir, je tenais, et dans cette dualité de fidélité au vent de la rue et de rectitude, de logique, regardais avec plaisir défiler le temps.

Tous les jours battait son plein la "fête nationale", les musiques devenaient vent second, plus subtil certes, toutes ces fanfares qui jouaient des fugues, c'était austère et marrant, il y avait dans mes naseaux l'odeur des beignets et des neiges éternelles, et toi, mon enfant, ma soeur, tu passais soudain, tu donnais le baiser au drapeau et de toutes mes forces je tremblais, pendu cependant à mon idée de fer.

(...)

Et me voilà loque, car les rues sont fermées, tu t'es fermée, le temps s'est tassé, le vent s'est résorbé, et je suis au pilori, moi qui étais drapeau, et les musiques travaillent un autre quartier, très loin, à Copenhague encore, juste assez près pour que je m'anime un peu de dégoût, à les entendre.

11 mai 2025

fleuve

Après la Marne une semaine avant, j'ai fait une promenade autour de la Seine, d'un pont à un autre. Trois heures de marche et quelques photos .

 

10 mai 2025

dix mai

Aujourd'hui, un dix mai, je me surprends à penser à Bernard Dimey. Et je trouve ces mots à la fin d'un de ses poèmes :

Quand on n’a rien à dire on parle du Mexique
De l’Amérique du Nord où tous les gens sont fous,
Du Pape et du tiercé, des anti-alcooliques,
Du cancer des fumeurs et des machines à sous,
Des soldats, des curés, d’la musiqu’ militaire,
De la soupe à l’oignon, de l’îl’ de la Cité.
Quand on n’a rien à dire et du mal à se taire
On arrive au sommet de l’imbécilité.

(dessin d'Yvette Cathiard)

Et voici les rimes d'un morceau de poème que je vous invite à compléter ; ne cherchez pas à retrouver le texte initial, mettez plutôt vos mots devant les rimes :

.......................  en sourdine
.......................  le pont Mirabeau
.......................  sa verdine
....................... dans la peau
....................... mes heures
 ....................... jamais
....................... demeure
 .......................du palais

Et merci de poster vos huit vers dans les commentaires ci-dessous.

9 mai 2025

signature

Artemisia, dont certaines oeuvres sont exposées actuellement au Musée Jacquemart-André à Paris, ne signait pas tous ses tableaux mais trouvait parfois une place particulière pour ses signatures :
- pour un David et Goliath, la signature est sur la lame de l'épée de David

- pour Yaël et Siséra, la signature est comme gravée  sur un piédestal antique dans le prolongement du mouvement du bras qui va s'abattre pour frapper

- pour Clio, Muse de l'Histoire, c'est dans un livre ouvert qu'elle signe

Ces emplacements sont une manière d'attirer l'attention sur son art (peut-être pour obtenir des commandes) mais aussi sans aucun doute une façon d'affirmer comme elle s'engage dans les sujets qu'elle peint.

8 mai 2025

écrire

Les Carnets du dessert de lune republient un livre de Perrine Le QuerrecPatagonie, cette fois dans une édition bilingue français et tchèque. On y retrouve un texte  intitulé "Miracle" où elle parle de son travail d'écriture :

Je n'écris pas une histoire mais une langue, je n'écris pas une situation mais une forme, je n'écris pas des personnages mais des langages, je n'ai pas besoin de sentiments d'anecdotes d'amour, je veux des puissances, des mots ajustés, des possessions, des folies, des guérisons, je veux des volumes pas des décors, pas des déguisements, pas des costumes, je me fous de la narration, de la progression, je marche dans la boue, je tombe à genoux, je frappe au coeur, chaque mot est une découverte, une horreur, une solitude, deux mots sont un miracle, les recherches interrogent, soulèvent le sujet, l'écorchent, l'écriture est une anatomie, elle sort chaque organe, le pèse, le soupèse, le dissèque, je passe des mois à remettre dans ce corps écartelé les organes étudiés, je referme, suture au fil de crin, au fil rouge, au fil noir la peau de mon support, ses poumons remplis d'eau et de pierres, tant qu'il ne respire pas je ne respire plus, nous supprimons l'air entre les mots, il n'y a rien de plaisant à me lire, rien de confortable, rien de réconfortant, la langue s'essuie au regard humide, luisante elle pénètre, s'insinue si bien aiguisée qu'elle scarifie, laisse trace, devient trace.

7 mai 2025

lettres

 

La magie du burn-out, de Lisette Lombé (éd. Le castor astral)
Ce sont des lettres, adressées par Lisette Lombé, camarade de fatigue, de lecture, d'écriture, amoureuse de la vie, toujours présente... Des lettres qui disent qu'elle n'est pas seule, qu'elle connaît, surtout qu'elle est passée par là, l'épuisement, la culpabilité. Et qu'elle a finalement fait face avec la poésie, un livre de Ferlinghetti, d'autres, de poétesses, et son écriture à elle, son rythme, avec les ateliers qu'elle anime ici et là, favorisant l'écriture des autres. Ce livre en témoigne. Ce sont des lettres, des collages, de la poésie.

Lève la tête.
Regarde comme ce plafond ressemble à un plafond
quand tu veux n'y voir qu'un plafond.
Ferme les yeux.
Inspire.
Habille ton regard de la lumière des poétesses.
Imagine une prairie verdoyante, un désert,
une montagne, un parc, une plage
ou n'importe quel autre endroit qui refuse les plafonds 
et les murs.
Imagine un lieu sans douleur et sans tracas.
Inspire.
Ouvre les yeux.
Vois comme le ciel t'appartient.
Sens comme ton coeur bondit dans ta poitrine
et ne demande qu'à être respecté.
Et entends toutes les autres personnes qui,
comme toi et comme moi,
continuent à espérer.
Il y a du monde à notre table.
Et une chaise pour chaque âme.

 

6 mai 2025

visages

De l'exposition des oeuvres d'Artemisia au Musée Jacquemart André, à Paris, qui est visible jusqu'au 3 août 2025, voici quelques visages.

 

5 mai 2025

grues

Il y a des jours où je me dis que le ciel est devenu un chantier.

Et, ces jours-là, le héron ne rêve pas de devenir grue.

 

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