Respire, de Marielle Macé (éd. Verdier)

« Pour respirer, il faut de l’air, mais il faut surtout une qualité de liens, de paysages, d’avenirs, beaucoup d’autres personnes avec qui respirer, en qui espérer, et qui puissent se respirer en vous. » Ce n’est pas une espèce de machinerie qui aspire et refoule. C’est un échange permanent et nous en sommes traversé.e.s. Marielle Macé cite les recherches médicales, puisqu’il y a des pathologies liées à la respiration. Elle prend soin de distinguer parmi ces pathologies celles qui sont la conséquence directe des conditions de vie : maladies professionnelles, nuisances environnementales qu’on néglige en faisant porter la responsabilité aux plus démunis de leurs difficultés respiratoires. Elle évoque son asthme et les allergies saisonnières. Mais elle cite aussi Franz Fanon qui parlait d’une « nouvelle respiration de la Nation ». Elle cite Emmanuele Coccia qui dit que « c’est par la photosynthèse que notre atmosphère s’est massivement constituée d’oxygène ». Elle cite des poètes. Tout participe à la respiration : « Chacun prend le monde et le rend », écrit-elle. Le souffle se disait animus, anima, c’est l’âme. Et nous l’écoutons « dans le â soupiré, les lèvres qui se ferment et se rouvrent autour du m, et l’expiration qui s’amuït dans l’e muet (dans l’e muet qui, d’évidence, est la respiration secrète de la langue française) ». La respiration est dans nos langages, c’est pourquoi il faut soigner nos paroles, « quelque chose comme le partage d’une santé atmosphérique ».