Wendigo, de Rebecca Lighieri (éd. école des loisirs)

Quatre ans dans la vie de Selma, quatre années(de l'âge de 10 ans à celui de 14 ans) qui commencent chez sa grand-mère sous le regard menaçant de « deux prunelles laiteuses » qui la dévisagent dans l’obscurité d'un début de soirée. C’est elle qui raconte. Qui nous présente son frère, Ivo, ses parents, ses ami.e.s.
Les yeux étranges (un chat ? quoi d’autre ?) vont planter dans la vie de Selma une inquiétude sans limite. Et lui faire découvrir comme le monde, et elle-même, se modifient, ce monde que l’humanité a conduit à sa perte et qu’il convient de changer, d’y vivre autrement. Ce sont les ados qui sont le plus à même de saisir ce qui se passe, disponibles à ce qui vient, attentifs à ce qui fut, non pas hier, mais bien avant, avant que les adultes d’aujourd’hui, leurs parents, se rassurent avec de nouvelles modes alimentaires, de nouveaux modes de vie. Les ados, disponibles aux premières peurs, aux premiers désirs, sont aussi en première ligne dans les combats à venir.
Nombreux sont les prénoms dans ce livre, prénoms d’enfants, prénoms d’animaux, chats, chiens, de déesse ou de dieu…
Comme dans Eden, un précédent livre de Rebecca Lighieri, la peinture a une grande importance : elle fait le lien entre ce qu’on vit et ce qu’on voit ou ce qu’on a vu ; elle dit aussi que quelque chose a été raté, quelque chose qui était là depuis toujours et qu’on a cessé de voir et qui revient, qui réapparaît, beaucoup plus fort parce qu’on l’a oublié, négligé. Et qui est peut-être en chacun, chacune de nous.