Éléphantesque, de Marie Cosnay (Cheyne éditeur)

C’est une histoire de famille. Ça pourrait être de toutes les familles. Mais c’est de son frère qu’elle la tient, son frère qui lui envoie un dossier, son frère qui lui téléphone la nuit. Et elle est contente de l’entendre de son frère.

C’est l’histoire de Marc Bourguedieu, un cousin, ou petit-cousin, fils de Marguerite et André (l’État civil les prénomme Pétronille et Adrien). Marc est encore jeune et plutôt gros sans être obèse quand il décide de s’engager dans le « Maquis » (c’est lui qui l’écrit entre guillemets et avec cette majuscule). Un enfant gâté qui reprend de la soupe après le dessert et qui va risquer sa vie avant d’avoir vingt ans. Dans le réseau de résistants auquel il participe, il aura des responsabilités, on pourra les lister, elles lui vaudront une reconnaissance posthume. Le livre de Marie Cosnay procède en faisant revenir les évènements, les lettres, à défaut de faire revenir l’enfant, le jeune homme, qui a été torturé mais « n’a rien craché », qui a été déporté et qui est mort au Kremlin Bicêtre peu de temps après la fin de la guerre, en juillet 1945. Torturé parce que dénoncé. Déporté parce que n’ayant rien craché. Et revenant  maigri mais, écrit-il, grandi. Qui a, dans ses lettres, toujours un mot pour les autres, la famille, les copains, et aimerait tant bien manger après tout ce qu’il a enduré. 

Et il y a sa mère, cette Marguerite - Pétronille, qui fait tout pour le retrouver. Elle me fait penser à une mère demandant qu’on rende la vie à son fils dans un autre livre de Marie Cosnay, Les enfants de l’aurore.