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4 novembre 2020

Au présent avec Pierre Alféri

chercherunephrasepierrealferi

La poésie, pour Pierre Alféri, consiste à se rendre disponible au présent. Dans un livre publié une première fois en 1991 chez Christian Bourgois éditeur, et republié en 2006, chercher une phrase, il précise : « le rythme tient le premier rôle, soit la structuration d’un flux, sans que ce flux lui-même soit naturalisé, ni même qualifié. La description  s’en tient aux formes d’un élan, d’une force ou d’une pulsion, à l’évidence phénoménale d’un mouvement spontané continu, c’est-à-dire à la vie. »

Le présent, c’est tenter de dire une sensation, d’exprimer ce qu’on voit dans une fleur, par exemple, dans des algues, ce qu’on perçoit dans un parfum, sans en faire des métaphores :

néroli qui allie aux rouleaux arabes
l’odorante eau d’orange

Et  le présent ne dure pas. Ce que fait le poète, c’est d’essayer de le saisir, avec modestie. Un recueil, publié par Inventaire/invention, s’intitule Intime. C’est en quelque sorte les moments d’un voyage dont voici le premier texte :

Intimepierrealferi

Chère sédentaire

peu de kilomètres nous séparent
pourtant j’entends tes derniers mots
dans une langue étrangère
voici trop de jours que nous ne sommes ensemble

l’étions-nous vraiment l’autre fois
seras-tu jamais convaincue
de ma présence à tes côtés ?

délesté de mon ombre
les lunettes désembuées
je regarde vers l’est

Intime, c’est peut-être aussi l’anglais in time

C’est un livre fait de poèmes et de dessins, comme on en retrouvera dans le recueil publié en 2020 par P.O.L., divers chaos. Les deux sont sans doute liés puisque dans le premier on peut lire :
je tente ce qui me tente
quitte à perdre un temps fou
à chercher les objets utiles
à les mettre en état
pour une ou deux minutes
d’abandon sur un banc
au chaos délié
des figures, des couleurs
des sons

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divers chaos est fait de plusieurs parties qui ont en commun des textes courts, des vers courts (le rythme tient le premier rôle), instants, gestes suspendus. sensations, et révolte
serons-nous beaucoup
trop peu
avec les plus nombreux ?

Et, puisque nous sommes en novembre,  il y a ce texte :
« novembre est le mois le plus cru
on s’y dépouille s’emploie
à isoler le nid
étayer le terrier ne pas
se laisser détrousser par le vent
mais quand il vient on laisse tomber
on baisse les bras tout est par terre
on se trouve aussi nu
et sec que les arbres
alors on embrasse les morts
(cliquetis des étreintes)
pourtant c’est en novembre
sous un ciel sombre
que je » [ l’histoire manque ]

Quelque chose s’arrête donc ainsi. Mais, plus loin, on peut lire :
chez nous tous les messages
dépassent leur cible
je n’oublie pas la carte
postale de mon père

Commentaires
O
à propos de carte postale :<br /> <br /> http://ecrireiciaussi.canalblog.com/archives/2016/08/24/34203037.html
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A
Merci pour cette présentation intéressante, cher Marc!
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