Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
main tenant
14 octobre 2020

Cinq mains coupées, par Sophie Divry (éd. du Seuil)

Cinq_mains_coupees

Ils sont cinq. Sophie Divry les a rencontrés séparément et les a écoutés. C’est la première chose : écouter. Certainement loin de ce regard qui stigmatise « ceux qui ne sont rien » et donc qu’on n’écoute pas. Elle, autrice de plusieurs romans, choisit de ne pas écrire mais de reprendre les phrases des cinq et de les disposer de sorte qu’apparaisse l’injustice de leur situation. Ils sont allés manifester, parfois en famille, avec des amis, des collègues, des Gilets jaunes. Ils pensaient que manifester était autorisé dans cette France du XXIe siècle débutant. Et ils ont vu devant eux (chacun dans une manifestation différente) des armes de guerre. Ils n’y ont pas pensé d’abord. Il y avait les gaz lacrymogènes. Et ces grenades dont ils ne savaient rien, dont l’effet de bruit et de souffle les a surpris. Ces cinq là y ont laissé une main, la main droite, eux qui étaient droitiers. Sophie Divry  avance avec eux de chapitre en chapitre : l’explosion, la main, les opérations, les soins, le travail perdu parfois, la jeunesse atteinte, la prothèse possible ou impossible, ce qu’il faut abandonner, ce à quoi tenir même avec une seule main, la plainte déposée et le non-lieu (au prétexte scandaleux qu’on ne sait pas qui a jeté la grenade)…

Ils sont cinq, amputés par des grenades offensives alors qu’ils ne menaçaient personne. Cinq parmi d’autres mutilés : 24 ont perdu un oeil, 314 ont été atteints à la tête par un tir de flashball, 2500 ont été blessés. Simplement parce qu’ils ont manifesté dans un pays qui utilise des armes de guerre contre sa propre population. 

Commentaires
main tenant
main tenant
Derniers commentaires