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5 octobre 2016

Moi, présidente, de Gérard Mordillat

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La couverture l’annonce, c’est une sotie, c’est-à-dire une farce. Gérard Mordillat, qui était à la Médiathèque d’Alfortville (94) récemment pour présenter son livre, précise qu’il l’a écrite pour la scène, qu’il l’a imaginée de telle sorte que tous les rôles, y compris celui de la présidente, soient tenus par des hommes. Il ajoute que sa présidente n’est pas exclusivement telle femme politique d’aujourd’hui, mais qu’elle emprunte ses propos à toute la classe politique. Mais ce n’est sans doute pas uniquement un texte de circonstance. Si l’auteur évoque Shakespeare à propos de tel personnage d’un de ses livres précédents, Les vivants et les morts, on peut en faire de même avec ce petit ouvrage. Le personnage principal, à mes yeux, est la télévision, qui scrute au plus près les faits et gestes de la présidente, s’intéresse à ses goûts sexuels, et montre son manque de réflexion. L’époque veut ça, sans doute. Avec la perversion du pouvoir. Mais c’est aussi ce que raconte Ubu Roi. Par exemple, pour éradiquer le chômage, ce fléau contre lequel les gouvernants sont impuissants, la présidente décide d’en supprimer les statistiques. Ubu fait à peu près la même chose avec les nobles : « pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles ». La vulgarité du Père et de la Mère Ubu est ici amplifiée : la télévision, telle qu’elle s’est développée, va de surenchère en surenchère dans les propos orduriers. Si on sort de ce livre dégoûté et choqué du vocabulaire de la présidente et de son entourage, on ne peut ignorer que cette réincarnation d’Ubu dit beaucoup de l’abjection dans laquelle nous sommes entraînés. Et Gérard Mordillat d’affirmer que la littérature peut encore changer le monde et que le rire en est la meilleure arme.

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