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main tenant
16 janvier 2012

Titanic (extrait), de Benjamin Fondane

C’est un rêve effrayant et je m’y trouve encore.
– Une chose mouvante et qu’on appelle Terre
coule à pic, lentement, hors du regard de l’être…
À bâbord, le linge sèche comme avant le déluge,
calme le jeu d’échecs se poursuit, un pion avance,
la danse dans le hall pénètre dans les chairs
avec l’odeur sucrée des tropiques…

naufragedu costaconcordiaSur le pont qui descend lentement hors du regard de l’être
la lumière est debout, elle a peur de tomber,
les hommes sont debout, ils ont peur de s’étendre,
congrès de fantômes debout,
ils crient : « Qui veut bien m’acheter ?
Tant pour ma liberté, tant pour ma conscience,
tant pour mon corps, ce n’est pas cher,
baisse de prix sur la justice,
quarante sous la sainteté
saison de blanc, Dieu est en solde,
la vente se fait au comptant ! »

Début du poème publié en 1937 que l'actualité m'a rappelé, et qu'on peut lire dans Le mal des fantômes.

Photo : Filippo Monteforte

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