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7 juin 2009

In Memoriam, de Stéphane Audéguy

Paris en toutes lettres, un nouveau festival. Beaucoup de propositions. Bien sûr, pas possible d’aller partout. Que des regrets. A propos de regrets (éternels), je suis allé écouter Thomas Fersen lire In Memoriam de Stéphane Audéguy.

D’abord, c’était au Centquatre,un lieu culturel que je ne connaissais pas, dans Paris, au Nord-Est, architecture qui m’a rappelé celle de Noisiel (briques, métal, verrières, bois) , ancien emplacement du Service Municipal des Pompes Funèbres (où, mieux qu'en cet endroit, pouvait-on écouter ce texte ?), vaste espace plein de salles à découvrir (spectacle, expo, jardin, restauration, etc.).

Centquatre           expoNPerus           Noisiel

Et c’était un texte d’un auteur qui a déjà été présenté dans ce blog le 5 février. Stéphane Audéguy a un style élégant, vif, et de beaux mouvements de phrases. inmemoriamDans ce texte, il évoque la mort de personnages plus ou moins célèbres, glorieuse ou drôle, tragique ou banale. Le faire-part annonçant le décès d’André Breton, le suicide de René Crevel, pour parler des surréalistes. Autres suicides, celui de Primo Levi, celui de Nerval. Celui de deux jeunes hommes, à la veille d’une guerre, estimant dans un billet qu’ils laissent que « ce monde est idiot ». Et la mort de Tennessee Williams, s’étouffant avec le bouchon d’une boite de médicaments ! Et ce bourreau, lapidé par la foule pour n’avoir pas réussi à exécuter une femme condamnée à mort ! L’assassinat de Raspoutine raconté avec un bel acharnement. Les derniers mots d’Einstein recueillis par une infirmière ne parlant pas allemand, et donc incapable de les répéter.

Thomas Fersen, lecteur de ces quelques récits, leur a donné ce ton ironique qu’on lui connaît, regardant parfois le public avec l’air de vouloir dire : « vous vous rendez compte ? ! » ou encore soulignant d’un petit mouvement de tête que certaines morts d’hommes ou de femmes célèbres sont de bien petites affaires. Et de conclure par une chanson inédite ("Je suis le squelette du train fantôme") s'accompagnant de son ukulélé et par une anecdote personnelle sur la mort d’un grand oncle.
Il y a dans l’abondance de ces courts récits une sorte de comédie humaine condensée sur les derniers instants, et les spectateurs de cette lecture se racontaient, à la sortie de la salle, les anecdotes qu’ils avaient eux-mêmes vécues dans leur famille : le cercueil trop long pour le caveau, par exemple, ou les derniers mots que ma mère voulait prononcer alors qu’une hémiplégie l’a empêchée de parler avant de mourir…

La mort réunit les vivants.

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