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27 mai 2009

Le Petit Chaperon rouge - 2

Anne-Marie Garat (Une faim de loup – éditions Actes Sud) nous propose une lecture du conte, ou plutôt plusieurs approches. Aujourd’hui, lisons ce qu’elle écrit du nom lui-même.

« Ainsi, le surnom du Petit Chaperon rouge cumule-t-il tous les usages traditionnels : le diminutif Petit relève de l’affectif et de l’enfance ; Chaperon du sobriquet populaire, ludique ou infamant… Il se substitue au nom initial d’une petite fille de Village, que nous ne saurons pas (il est perdu pour la fiction), que nous n’avons pas à savoir, convention du genre. Mais notons qu’il recouvre et abolit le nom du père, le grand absent de cette histoire… Surnommée, la personne disparaît sous le personnage (…).

Le Petit Chaperon rouge naît à elle-même, et au conte, sous les espèces de celui-là, dès les premières lignes du récit, haut baptême de la fiction. Ainsi, le premier passé simple du conte, temps de l’action, est celui du verbe faire faire : la diabolique fabrication du chaperon est bien l’acte fondateur, la scène originelle qui démarre l’histoire. »
Dans un autre passage, Anne-Marie Garat souligne que la petite fille devenant le petit chaperon fait aussi jouer la confusion des sexes. Ce que nous retrouverons dans la lecture du conte (dernière phrase avant la moralité) :

Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la mangea.

IMGP3823Lecture de Gilbert Lascault. Le livre paru aux éditions Fata Morgana est fait de courts textes déclinant le conte sous des formes très diverses. Par exemple, cet extrait d’une prétendue dissertation qui aurait été publiée en 1893 :
« Le moment de la bobinette est le moment essentiel de l’histoire du Petit Chaperon Rouge. (…) Auparavant, tout était encore possible. Auparavant, le Chaperon pouvait s’identifier aux papillons, êtres de fuite, à leur légèreté, à leur flottement dans une situation floue. Elle pouvait avoir l’éclat des petites fleurs. Mais après la chute de la bobinette, elle devient un produit comestible, proche de la galette et du pot de beurre, nourriture carnée à côté de nourritures non carnées. La chute de la bobinette annonce la chute de la robe et du slip de la petite fille quand celle-ci, pour se coucher près du loup se déshabille et laisse tomber ses habits sur le parquet ciré. Elle précède aussi la lente descente des chairs broyées du Chaperon vers l’estomac du loup. »

dessin de Henri Cueco publié dans le livre de Gilbert Lascault

Commentaires
D
Et si LE loup n'était autre que lE père(tellement absent dans cette histoire) qui, pour soustraire l'enfant à l'amour excessif des deux femmes du conte et la protéger des individus "loup"ches qui errent dans les bois toujours en quête d'enfant innocente, la mangeait, devenant ainsi "enceinte" et faisant d'une pierre, deux coups ...<br /> Ah, ces pères avec leur fille !
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