Noir/Blanc/Rouge
En lisant Michel Pastoureau, mon regard sur les couleurs a changé. Pas seulement parce qu’il souligne que l’appréciation des couleurs change avec l’époque, mais aussi par sa façon de raconter les évolutions, de revisiter les couleurs par plusieurs approches, sémantiques, sociologiques, anthropologiques, historiques, physiques, chimiques… Et la couleur devient vivante. J’ai commencé par Les couleurs de notre temps, poursuivi avec Le petit livre des couleurs et m’attend Noir, histoire d’une couleur.
Ici, deux mots sur la triade rouge/noir/blanc. Michel Pastoureau en évoque les aspects liturgiques (blanc pour les fêtes du Christ, rouge pour les martyrs et les apôtres, et noir pour la pénitence et les messes des défunts). Mais il renvoie aussi aux noms de lieu (Le Blanc Mesnil), aux noms de famille (ah ! le Docteur Lenoir et Mme Leblanc, quel couple du Cluedo !), à l’histoire du jeu d’échecs, et aux fables et contes. Son analyse du Petit Chaperon Rouge, sans rien retirer aux nombreuses études existantes, a quelque chose de séduisant dans sa simplicité : une enfant vêtue de rouge apporte un petit pot de beurre, blanc, à sa grand-mère, vêtue de noir. Et il en fait de même pour le corbeau, noir, qui laisse tomber un fromage, blanc, sous les flatteries d’un renard, rouge. Ces trois couleurs étaient la base chromatique du Moyen-Age. Elles sont encore suffisamment fortes pour que la couverture d’un livre récent (Twilight) les utilise, non sans rappeler Blanche-Neige…