Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
main tenant
26 mars 2024

Une vie qui se cabre, de Sylvain Pattieu

Une vie qui se cabre, de Sylvain Pattieu (éd. Flammarion)

En 1946, une loi est votée, proposée par le député Lamine Gueye, instituant une Union française dont les ressortissants de l’Empire sont des citoyens français. Très vite combattue de l’intérieur par ceux qui voient d’un mauvais oeil d’anciens colonisés avoir les mêmes droits qu’eux, elle aura une existence réduite et disparaîtra de la Constitution avec l’avènement de la cinquième République.

Sylvain Pattieu, maître de conférences en histoire à l’université Paris 8, est aussi romancier. Il se saisit de cette histoire et imagine ce qu’aurait pu être concrètement l’Union française.

Il choisit de suivre l’existence de Marie-des-Neiges, née à Dakar (dont Lamine Gueye est député), fille d’un cheminot syndicaliste et d’une femme, « personnalité de la paroisse ». La fille a choisi de venir suivre des études dans la « petite France », comme on désigne alors l’Hexagone, pour devenir institutrice et revenir, pense-t-elle alors, enseigner à Dakar. Elle a 18 ans, viendra vivre à Aix-en-Provence, s’y fera des ami.e.s, découvrira l’amour et la lutte.

Ce livre est troublant : c’est, évidemment, une uchronie, et il fait intervenir des personnages ayant existé : Franz Fanon, le Général de Gaulle, Aimé et Suzanne Césaire, Gaston Defferre, et quelques autres. Maryse Condé y est présentée comme la professeure de Marie-des-Neiges. Si nous connaissons ces noms, Sylvain Pattieu donne à ces personnages un rôle qu’ils auraient pu avoir dans une Union française : Aimé Césaire, puis Suzanne, dans son livre, assumeront successivement la présidence de l’Union. Aimé sera assassiné, comme, plus tard, Franz Fanon…

Cette période revisitée est aussi marquée par des grèves et des manifestations parfois violentes. L’auteur parvient à éviter les clichés et va montrer une jeunesse non homogène à travers quelques portraits : la bande des ami.e.s à Aix, aux origines diverses, les « roicos » (royalistes) et les nervis nostalgiques de l’ordre ancien.

On voudrait y croire, on voudrait que la cinquième République n’ait pas fait disparaître cette Union, instituant à sa place la « Communauté française ».

Commentaires
main tenant
main tenant
Derniers commentaires