Incantation pour nous toutes, d'Anna Milani (éd. Isabelle Sauvage)

Sur son compte Facebook, Anna Milani cite René Char :

« Il faut s'établir à l'extérieur de soi, au bord des larmes et dans l'orbite des famines, si nous voulons que quelque chose hors du commun se produise, qui n'était que pour nous. »
(La parole en archipel)

La maison d’Anna Milani est faite de « phrases compactes ». Passé, présences s’y mêlent. On y trouve aussi un fragment de cristal brisé, on ne sait si c’est d’un accident, d’un souvenir presque perdu ou d’une violence. Toujours est-il que le cristal garde la mémoire des visages et que le silence désormais assassine la maison. Le blessé, les corps, les visiteurs, tout va vers la mort ; ce sont des phrases qui tuent le monde intérieur jusqu’à ce qu’une femme sorte et descende à la rivière, alors le vent entre, tandis que l’oiseau redessine le paysage, qu’un nouveau chant s’élève parce que les femmes ont à présent « à faire avec les mots ». La loi de la maison a changé et une porte reste pour toujours « entrebâillée sur l’infini ».

Une autre maison m'est revenue à la mémoire, celle dont Linda Maria Baros écrit qu'elle est « en lames de rasoir ». Vous en trouverez une trace ici.