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7 juillet 2021

L'iris sauvage, de Louise Glück (éd. Gallimard)

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Le prix Nobel de littérature 2020 a été décerné en octobre à Louise Glück, poétesse américaine dont le premier recueil date de 1968. Depuis ce premier recueil, elle a publié 17 ouvrages et obtenu de nombreux prix : le National Book Award en poésie en 2014, le Prix Pulizter en 1993 ; elle a aussi été Poète lauréat des Etats-Unis en 2003, titre le plus prestigieux dans cette catégorie. Elle est néanmoins peu traduite en français. Les éditions Gallimard ont publié en mars 2021 L’iris sauvage et Nuit de foi et de vertu, dans la collection « Du monde entier », édition bilingue.

Marie Olivier, sa traductrice, donne dans sa préface à L’iris sauvage de précieuses indications. Notamment sur le fait que « la grande majorité de ses poèmes appellent l’universel, c’est un moi qui parle, dénué de sexe et de tout genre ». Dans ce livre, il est question de fleurs et de nature mais le jardin n’est pas simple décor : chaque fleur existe.

Comme LE LYS D'OR :

Comme je le perçois
je suis en train de mourir et sais
que je ne parlerai plus, ne survivrai
pas à la terre, ne serai pas appelé
à encore la quitter une fois, pas
une fleur encore, tout juste une épine, de la terre pure
agrippant mes côtes, je t’appelle,
mon père et maître : tout autour,
mes compagnons échouent, pensent que
tu ne vois pas. Comment
peuvent-ils savoir ce que tu vois 
si tu ne viens pas  à notre secours
(…)

Ce « père et maître » est peut-être Dieu mais jamais elle ne le nomme. C’est une sorte de force qui « élève ». Et que les fleurs interpellent de temps à autre. On ne sait plus, quand on ferme le livre qui a parlé, fleur, femme, vivant ? qui a dit « je » ? qui a dit « tu » ? et à qui sont adressés les textes qui troublent le lecteur, la lectrice. Comme dans ce dernier poème du recueil :

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LES LYS BLANCS

Alors qu’un homme et une femme plantent
un jardin entre eux comme
un lit d’étoiles, ils sont là
à s’attarder un soir d’été
et le soir se
refroidit de leur terreur : tout ça
pourrait prendre fin, il est capable
de tout dévaster. Tout, tout
peut disparaître, à travers l’air embaumé
les colonnes étroites
s’élèvent inutiles, et au-delà,
une mer déchaînée de coquelicots -

Chut, mon amour. Peu m’importe
le nombre d’étés qu’il me faut vivre pour revenir :
cet été, nous sommes entrés dans l’éternité.
J’ai senti tes deux mains
m’enterrer pour libérer sa splendeur.

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