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main tenant
22 mai 2021

Autrefois

cowboyespitallier

Jean-Michel Espitallier a publié aux éditions Inculte, avant le confinement de mars 2020, un livre intitulé Cow-Boy, prenant appui sur la vie de son grand-père, né en 1887 dans les Hautes-Alpes, et parti en Amérique au début des années 1900. Il en revint. Et mourut dans les années 1930. L’auteur du livre ne sait pas grand chose de plus sur son aïeul et quasiment rien sur ce qu’il fit là-bas, en Californie. Alors il imagine. Il lui fait une vie américaine nourrie de ce qu’il sait du « petit million d’immigrants qui, chaque année, entrent aux États-Unis » à cette époque. Ainsi, quand il part et que tout pour lui est nouveau, il suppose qu’il vérifiait ce qu’il avait appris à l’école. Et, en particulier, ceci, lu dans son livre de géographie :
« La colline. Autrefois, les villages s’installaient en haut des collines pour se défendre. Les nouveaux villages se construisent au pied des collines, sur les grandes routes. » Et il se pose la question suivante : « Autrefois, ça finit quand ? »

La définition de cet adverbe évoque une époque révolue. Mais quand donc peut-on considérer qu’une époque est révolue ?
Les citations qu’on trouve sur internet mettent souvent en balance autrefois et aujourd’hui, comme le fait Michel Serres : «  Aujourd’hui, on prend un parapluie parce que la télé a dit qu’il allait pleuvoir. Autrefois, on aurait regardé le ciel. »

Et vous, dans quel temps situez-vous autrefois ? Je ne doute pas qu’il existe différents autrefois selon le fait dont on veut parler. Que chaque individu donc porte en lui plusieurs sortes de temps révolus. Je vous invite à écrire un texte dans lequel vous montrerez en quoi une action, un évènement, une chose appartient à autrefois et ce qui les fait appartenir à une époque révolue : quels évènements ont changé les modes de vie ? Quelles techniques se sont imposées ?

Exemple :
Victor Hugo a écrit, dans son roman Notre Dame de Paris, qu’autrefois, l'architecture était « le registre principal de l'humanité, qu’il n'est pas apparu alors dans le monde une pensée un peu compliquée qui ne se soit faite édifice, que toute idée populaire comme toute loi religieuse a eu ses monuments ; que le genre humain enfin n'a rien pensé d'important qu'il ne l'ait écrit en pierre. » Il poursuit, plaçant son propos à l’époque de l’invention de Gutenberg : « Le livre va tuer l'édifice. L'invention de l'Imprimerie est le plus grand événement de l'histoire. C'est la révolution mère. C'est le mode d'expression de l'humanité qui se renouvelle totalement, c'est la pensée humaine qui dépouille une forme et en revêt une autre, c'est le complet et définitif changement de peau de ce serpent symbolique qui, depuis Adam, représente l'intelligence. Sous la forme imprimerie, la pensée est plus impérissable que jamais; elle est volatile, insaisissable, indestructible. Elle se mêle à l’air. » Et le livre aujourd’hui résiste encore.

C’est à vous main tenant. Il ne s’agit pas de nostalgie, vous l’avez compris. Il ne s’agit pas obligatoirement de progrès non plus. Il s’agit simplement de constater qu’autrefois on pouvait voir, faire ce qu’on ne voit plus, qu’on ne fait plus aujourd’hui.
Merci de poster votre texte dans les commentaires ci-dessous.

Commentaires
E
La peur posément noie sa maison sombre. Elle est seule. Le temps de son existence figé se heurte à la présence hostile du pendule de la cuisine. Le jour se répète jusqu’à la venue du mari, ce marin ordinaire du début de ce siècle. La nuit, les murs humides perlent l’absence. Elle attend son retour, silencieuse contre la mer. Ses larmes salées se fardent aux embruns. Le liquide liquoreux vibrionne au suroit. Dans sa demeure vide, elle demeure digne. Etouffe ses cris d’impuissance. Le clan guette la texture de sa posture. Au fléchissement, elle sera tannée, dressée, recadrée. Elle avale amèrement ses chaînes de femme. Sa force, son songe. Effacer son nom. Oublier les visages, le village. S’endormir pour ne jamais revenir. <br /> <br /> Je suis seule face au « gwechall », ce temps révolu. Une trace visqueuse déposée sur les sables froids mêlée de goémon que les vagues ressassent aux hivers. Un vacillement où émanent les ombres crayeuses de mes aïeux.
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K
Au cours d'une randonnée en Provence, j'ai eu l'occasion, dans un village, d'assister à une démonstration de lessive à la cendre qu'on faisait autrefois.<br /> <br /> C'était une longue, difficile et fatigante opération qui pouvait durer deux à trois jours, les draps n'étant lavés qu'une fois par an: <br /> <br /> Faire tremper le linge, le faire bouillir avec la cendre de bois, le rincer, le tordre à la main, puis au bord de la rivière ou au lavoir, à genoux sur la planche à laver: le frotter, frapper avec le battoir, rincer, tordre et éventuellement l'étendre sur pré pour le faire sécher et blanchir.<br /> <br /> Tout cela générant mal de dos, gerçures, refroidissements,...<br /> <br /> Cette opération était accompagnée de cancans entre les laveuses:" Au lavoir, on lave le linge et on salit les gens"<br /> <br /> <br /> <br /> La notion de propreté a évolué selon les ages: au Moyen-Age on avait une peur bleue de l'eau, car " au toucher des corps, elle s'infiltre dans les pores, les contamine et les débilite" D'où, on restait plusieurs mois sans se laver.<br /> <br /> En fait la propreté du corps était représentée par la blancheur du linge qui tenait lieu de nettoyage: On n'essuyait que le visage et les mains, uniquement ce qui se voyait.<br /> <br /> <br /> <br /> Des expériences de machines ont eu lieu depuis le XVIIIème.<br /> <br /> En 1904, fut déposé le premier brevet d'une machine à laver en bois très rudimentaire qui lavait, mais ne chauffait pas, ni ne rinçait, ni n'essorait.<br /> <br /> <br /> <br /> Etant gamin, j'ai vu ma grand mère faire la lessive dans la buanderie ( buée étant l'ancien nom de lessive): un foyer en maçonnerie pour poser la lessiveuse où " cuisait" le linge arrosé par le " champignon", deux gros baquets pour le rincer et le tordre puis l'étendre sur de gros fils de fer installés dans le jardin.<br /> <br /> <br /> <br /> Lessive à la main ou avec lessiveuse, c'est folklorique dans le souvenir, mais l'usage en est bien disparu.
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F
Autrefois, il arrivait que la lune se positionne pile dans l’axe du soleil. On voyait, alors, la nuit en plein jour. Toutes les créatures, terrifiées, se terraient, dans le silence lourd de cette pénombre surnaturelle, qui semblait irréelle, quoique visible. Cela durait quelques instants qui paraissaient une éternité. Puis, la lune reprenait sa course dans le ciel et le soleil dardait, de nouveau, ses rayons qui produisaient une lumière sourde, atténuée, mais douce et répandait une chaleur bienfaisante dont on mesurait la nécessité.<br /> <br /> Autrefois, les étoiles brillaient dans l’immensité du firmament, comme autant de feux allumés par d’inconnus peuplades lointaines.<br /> <br /> Autrefois, l’oiseau de toutes les formes, de toutes les couleurs, de toutes les envergures, emplissait le ciel de son chant, tantôt mélodieux, tantôt rugueux, vacarme étourdissant parfois, que seul le tonnerre était en mesure de faire taire.<br /> <br /> Autrefois, le loup hurlait sa douleur, aussi vieille que l’univers, à la face de la nuit, dans la pâle lueur de la lune pleine et le monde entier écoutait en état de torpeur, sidéré devant cette beauté vibrante, qui remonte à la nuit des temps.<br /> <br /> Autrefois, l’horizon était une ligne bleue courant à perte de vue.<br /> <br /> Autrefois, l’hiver s’endormait, le printemps s’éveillait, l’été exultait, l’automne se calmait, en douceur et prenant tout leur temps.<br /> <br /> Autrefois, le coyote chantait sa complainte lugubre au beau milieu de la nuit la plus noire et profonde. Toute la forêt de bruissements en murmures et grognements, lui répondait, en écho. Cette mélodie de vie pleine était un commencement et une fin, un apaisement au plus fort de l’absolu. <br /> <br /> Autrefois, l’eau courait partout, en cours, en rus, en ruisseaux, en rivières, en fleuves, en mers, même en icebergs afin de mettre au monde dans un fracas de cascades.<br /> <br /> Autrefois, le vent du large soulevait la houle dans une furie qui n’était qu’apparente colère, car en réalité, ces deux-là faisaient œuvre de nettoyage.<br /> <br /> Autrefois, la nature avait une bouche, pour rire, goûter et mordre, un nez, pour humer, se réjouir et traquer, des yeux, pour contempler, s’émouvoir et cibler et des oreilles, pour écouter, entendre, s’émerveiller et détecter. Le monde avait un visage bienveillant et rude et un cœur vaste et profond.<br /> <br /> Autrefois, la vie était tantôt facile, tantôt dure ; chacun tentait d’exister, minuscule créature, dans un tout en équilibre fragile.<br /> <br /> Autrefois, comme aujourd’hui, le monde était violent, mais la beauté consolait tous les sens et instillait la joie.<br /> <br /> Autrefois, on pouvait contempler les nuées à les toucher depuis le sommet de la montagne ; Aujourd’hui, le glacier a disparu.<br /> <br /> Autrefois, comme aujourd’hui, le monde est magnifique et dangereux.<br /> <br /> Aujourd’hui, il n’existe pas de baume pour nos plaies.<br /> <br /> Aujourd’hui, ce monde à l’état brut n’est plus.<br /> <br /> Bientôt, tout bientôt, nous aussi, nous ne serons plus.
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J
« Je ne parle jamais politique avec Delon… » Jean Paul Belmondo<br /> <br /> <br /> <br /> Elle est pour Giscard, la fille qui dort ce matin dans mes bras. Moi j’suis pour Mitterrand. Toute la nuit dans ce motel qui fait face au Macumba de Nantes, nous en avons débattu. Le combat fut épique. Elle a des convictions la fille. Moi, seulement des impressions. En vérité elle n’est pas très différente, peut-être un poil plus bourgeoise, avec son côté vieille noblesse bretonne et son statut d’étudiante en droit à Rennes. N’empêche que tous les weekends, elle est vestiaire au Macumba de Nantes, la fille. <br /> <br /> C’est un grand club le Macumba de Nantes, même vue de Paris, et les Rockoons sont engagés pour le week-end. Le voyage a été long. Heureusement cette fois je n’ai pas conduit, mais en descendant du minibus, j’ai quand même les jambes en compote et la gueule en coin de rue. <br /> <br /> Maintenant sur le parking, c’est le service d’accueil et les présentations : « Enchanté de vous rencontrer… bonne route ? » Lance enjoué le big boss. « Salut les gars » dit le DJ en nous tentant une main moite. Quelques fans aussi se pressent autour du chanteur, et puis y’a elle. Un brin pimbêche, elle reste sur la réserve. Je la crois alors la p’tite amie du patron ! Les musiciens eux, font les sourires qui vont bien. Puis on boit un verre, on en boit deux, on visite les lieux, et c’est la balance son.<br /> <br /> Ce matin en quittant Paris, on a laissé les chars russes aux portes de la capitale, et les riches préparer leurs valises. Les noms à particule aussi commencent à trembler. Ils jouent de la gomme sur leur passeport. La Sibérie les hante. Vite les Rouges arrivent ! Faut se barrer.<br /> <br /> Il est vrai que les sondages sont plutôt favorables à la Gauche. Et même si Giscard fut réformateur et moderne, il affiche désormais une image dépassée et compassée. Mitterrand bien que plus âgé, bizarrement emporte lui, tous les espoirs de la jeunesse. La Force Tranquille ! A inventé Jacques Séguela. L’affiche est bleue et le village français avec son église au loin, rassure. <br /> <br /> Le concert hier soir des Rockoons s’est bien passé, et la fille du vestiaire n’était pas la girl friend du patron... Maintenant elle se réveille, s’étire dans les draps froissés, mais à peine a-t-elle un œil ouvert, que ma bretonne préférée reprend le combat de plus belle. Elle lâche rien. <br /> <br /> Il durera tout le dimanche, scotchés aux résultats et aux sondages. J’aime bien son côté frondeur et cette tendre guerre en dentelle. En arrière-plan, je bataille toujours pour Mitterrand... <br /> <br /> Nous ne sortirons du motel que dimanche en fin de journée. Le patron du club nous a invités à suivre les résultats, chez lui. Autour de sa télé, on est tous pour Mitterrand, sauf mon étudiante en droit. L’ambiance s’échauffe et l’anis dans nos verres coule joyeusement.<br /> <br /> « Dans cinq minutes nous allons découvrir qui est le nouveau président de la Véme République. » Le présentateur en rajoute, fait monter la pression. « Plus qu’une minute ! » Un bref silence. Le décompte : « 5.4.3.2.1. » Un jingle électronique. Suspense… Et le visage du vainqueur apparait alors sur l’écran en lignes horizontales stylisées : « Monsieur François Mitterrand obtient la majorité avec 52% des votants… » Plus personne n’entend la suite. <br /> <br /> A cette annonce, immédiatement une immense clameur jaillit et traverse le pays. Spontanément, les gens sortent de chez eux, explosent, exultent d’allégresse et de joie. On s’embrasse, on se congratule. D’un coup la France bascule dans un monde plein de promesses, et un vent de liberté souffle. On se presse, on organise des concerts, on danse… On chante même la carmagnole à la Bastille. La télé relaye cette folie douce. Jamais je n’ai connu ce sentiment. Ma giscardienne préférée, elle, fait la gueule dans son coin, sa déception est grande, mais la défaite lui va bien. « T’inquiète tu vas pas finir au goulag ! »<br /> <br /> Quarante ans plus tard, je ne vote plus pour la Gauche. Pourtant j’ai sauté de joie, aimé Mitterrand, ce dimanche 10 Mai 81 à Nantes. <br /> <br /> Tiens ! L’autre jour j’ai recroisé mon étudiante en droit. Elle était devenue avocate militante écologique, avait complètement viré de bord, tout comme moi. En écoutant son discours radical j’me suis dit : où est passé notre tendre guerre ? Nos baisers ? La politique d’avant ? Elle plaisante plus avec les idées. Souhaite m’imposer un monde, que je ne veux pas.<br /> <br /> En se quittant, c’était tendu. On s’est pas embrassé. Bon ! Faut qu’j’fasse gaffe. C’est de quel côté la Sibérie ?
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I
Autrefois les paysans labouraient avec un cheval et une charrue. Ils faisaient les moissons à la faucille ou à la faux. Ils battaient le blé à la main.<br /> <br /> Cela nécessitait beaucoup d'ouvriers.<br /> <br /> Maintenant on utilise un tracteur ou une moissonneuse batteuse.<br /> <br /> Un seul homme les conduit.<br /> <br /> C'est ainsi que le progrès a fait son chemin dans nos campagnes.
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