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1 septembre 2020

Jonny Appleseed, de Joshua Whitehead, traduction d'Arianne Des Roches (éd. Mémoire d'encrier)

jonnyappleseed

La littérature permet de vivre d’autres vies, que peut-être jamais on n’aurait rencontrées. Il y a tellement de mondes dans le monde. La langue de Joshua Whitehead, dans la traduction d’Arianne Des Rochers, nous fait rencontrer une de ces vies, construite autant dans le corps que dans le langage. Des mots français du Québec, des mots anglais de la culture internationale (chansons, internet), des mots de la Première Nation de Peguis, au Manitoba, et des mots du corps, des odeurs, des parfums. Et tout cela mérite d’être lu parfois à voix haute pour faire sonner ce langage à la fois tendre et puissant, fait de désirs (le sien propre et celui des autres), de peurs aussi, d’amitié et d’amour. Jonny aime Tias depuis l’enfance sans jamais l’avoir dit. Jonny est chéri par sa kokum, la mère de sa mère, qui vit dans la Réserve. Jonny est aimé de sa mère même si elle est mariée avec Roger qui n’hésite pas à user de sa ceinture pour frapper l’enfant qui n’est pas assez garçon à son avis. Jonny n’a pas connu son père qui est mort alors qu’il venait de naître. Jonny est bispirituel, il vit désormais à Winnipeg. Il doit revenir à la Réserve pour les funérailles de son beau-père.

Quelques phrases :

« Ma voix, mon corps, ma vie — chaque morceau de moi est une offrande, un bâton de médecine qui brûle et purifie. »
« J’aurais voulu dire que si je ne prenais pas soin de ma blessure — eh ben, personne ne le fera. »
« J’ai réfléchi au fait que si les NDN* disent « sacré calvaire » aussi souvent, c’est sans doute parce qu’on a appris à vivre et à aimer dans le calvaire sacré de l’apocalypse. »
*NDN (à prononcer N-D-N) est composé des trois consonnes du mot « Indien », graphie revendiquée à la fois dans la culture urbaine et les réseaux sociaux.
« Ma mère avait fini par arrêter d’essayer d’apprendre les expressions bizarres que je ramenais à la maison. »
Et ceci, surtout : « Ça donne le vertige, penser à toutes les histoires qu'on a fabriquées, qu'on a aidé à raconter, à créer - nos corps sont une bibliothèque, nos histoires sont écrites en braille à même la peau. »

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