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20 août 2020

Chavirer, de Lola Lafon (éd. Actes Sud)

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Lola Lafon écrit dans son époque. Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce, par exemple, se situait après l’élection d'un président de la République. Chavirer, c’est dans notre présent. Rapprocher les deux livres, c’est y trouver des lignes de convergence. C’est aussi regarder le chemin parcouru. La danse est dans les deux livres (« Faut que je danse, faut que je travaille en résistance », chante à l’époque du premier Lola Lafon). Le viol aussi. Mais, si dans le premier les accusations sont taguées sur la porte du violeur, dans le plus récent il y a prescription. Pourtant, dans les deux cas, la victime porte la honte toute sa vie. Et cette honte l’empêche d’en parler et le secret d’une part protège les coupables et d’autre part contraint la victime. Cléo est danseuse. On ne voit qu’elle dans les ballets qui ouvrent l’émission de Michel Drucker. La danse est une discipline exigeante, qui oblige à l’humilité, et marque les corps. Lola Lafon construit son récit de telle sorte que le lecteur, la lectrice ne puissent se substituer à la justice, et que s’impose la question de la culpabilité et du pardon. C’est cela la force de ce roman qui ne se satisfait pas de séparer le monde entre bons et mauvais. Les femmes de ce roman, qui ont été des enfants abusées par des adultes, ne sont pas des héroïnes, des « femmes puissantes ». Elles sont « fragiles », « incertaines ». Il s’agit de ne pas célébrer « les mêmes valeurs que ce gouvernement que l’on conspue : la force, le pouvoir, vaincre, gagner ». Seulement pouvoir « dire quelque chose »…

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