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4 août 2020

Eukuan nin matshi-manitu innushkueu - Je suis une maudite sauvagesse, An Antane Kapesh (éd. Mémoire d'encrier)

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La première traduction du livre de An Antane Kapesh a été publiée en 1976. Naomi Fontaine a souhaité le publier à nouveau. Il est sorti juste après le confinement chez Mémoire d’encrier. Dans ce livre An Antane Kapesh dénonce et démontre les injustices de la colonisation. La première phrase est : « Ute nimashinaikanit apu takuannit kauapishit utaimun. » (« Dans mon livre, il n’y a pas de parole de Blancs. ») Il s’agit bien sûr d’affirmer que les « Montagnais » avaient une civilisation avant que les Blancs ne viennent. Les Blancs qui n’ont pas demandé la permission de venir, de s’installer sur le territoire des populations autochtones, d’y implanter une industrie et de chercher à imposer leur propre culture. Et c’est à ce propos qu’An Antane Kapesh est la plus forte : elle écrit aux Blancs que ce qu’ils reprochent aux Indiens, ce n’est que le produit de leur propre culture, culture qu’ils veulent imposer par l’école, le pensionnat qui sépare les enfants de leurs parents, la religion, culture qui instaure le mensonge comme règle, propage la consommation d’alcool. Il n’y avait pas de bar dans le territoire des Montagnais avant l’arrivée des Blancs. La découverte du minerai n’est pas le fait des Blancs mais des Indiens qui l’ont montré aux Blancs. La prison est une invention des Blancs. Voilà à quoi An Antane Kapesh résume l’éducation et la culture des Blancs : l’école, la prison, l’hôpital. Elle regrette que sa culture soit morte mais, par ce livre, elle a permis qu’elle ne le soit pas. « Pour ne plus être victimes » écrit dans sa préface Naomi Fontaine, « pour pouvoir avancer dans l’affirmation (…), pour que nous aussi un jour on dise : ma culture est la meilleure qui soit. »

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