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23 juillet 2020

La Maison allemande, de Annette Hess (éd. Actes Sud)

9782330126957

Années 1960, en Allemagne, commence le « second procès d’Auschwitz ». Eva, interprète maitrisant la langue polonaise, est convoquée à la dernière minute pour traduire les témoignages de rescapés. Elle découvre cette part de l’histoire de l’Allemagne dont elle ignore tout au début du livre, apparaissant comme une jeune fille plus préoccupée de ses fiançailles (qui vont la faire grimper dans l’échelle sociale) que de questions politiques, sociales ou historiques. Sa présence au procès va bouleverser son existence. On s’attend (et la quatrième de couverture le dit assez clairement) à ce que ses parents et la génération de ceux qui avaient autour de 20 ans dans les années 1940 soient touchés de près ou de loin par le nazisme mais le livre de Annette Hess, publié en Allemagne en 2018 ne tombe pas dans un manichéisme facile. 

La première évidence, c’est que tous les personnages de ce livre sont liés. On passe ainsi de l’un à l’autre, de la vie de l’un à celle de l’autre. Eva a une soeur, Annegret, un peu plus âgée qu’elle. Leurs parents gèrent le restaurant « La Maison allemande » à Francfort. Elles ont un petit frère, Stefan, qui joue avec ses soldats de plomb (il n’y avait pas dans ces années-là les jeux de guerre sur internet). Le fiancé d’Eva, Jürgen, est le fils d’un homme qui a été emprisonné et sans doute torturé parce qu’il était communiste ; ses souvenirs lui échappent mais il répète cette phrase : « Je ne dirai rien ». Et il y a les accusés, la plupart installés dans une vie professionnelle et sociale assez banale.

Petit à petit, le passé resurgit. La culpabilité est au centre de ce passé, mais aussi du présent. Comme si le Mal agissait sans que les êtres humains y puissent quoi que ce soit. Et viendra le temps des aveux. Les fautes ne seront pas toutes celles qu’on attendait et c’est l’intelligence de ce livre dont une des qualités est d’être écrit par une scénariste qui maitrise le mouvement de l’image et sait guider notre regard : tout y a de l’importance, même ces biscuits dans une assiette sur le bureau du ministère public lors de la première traduction d’Eva.

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