Le phénomène Vérame à l'Enseigne des Oudin

C’est dans une galerie, en sous-sol, qu’on peut voir en ce moment à Paris les oeuvres de Jean Vérame. Et la visite ne peut laisser indifférent. Alain Oudin qui accueille invite à regarder les oeuvres selon un parcours chronologique. Mais c’est aussi un chemin qui révèle les préoccupations de l’artiste : des figures humaines dessinées sur des carnets jusqu’à d’autres figures humaines, peintes sur une grande toile. De la tragédie individuelle à la tragédie collective. Mais l’être humain n’est pas que celui qui subit, souffre. Il peut agir dans ce monde. Et c’est l’action de Jean Vérame : être transporté dans ces lieux qu’on nomme déserts, y inscrire son refus de la guerre, son refus de la violence, même s’il faut parfois résister à la brûlure du soleil, au fouet des tempêtes de sable. Il peint des rochers, des pierres, des pavés, il les dispose dans de vastes étendues. Il peint les paysages. Il faut bien comprendre cette simple phrase : ce qu’il peint, ce sur quoi il dispose sa peinture, ce sont les éléments qui forment le paysage, il en souligne les courbes, les hauteurs, en distingue des lignes de force, il dessine à même le sol au moyen de cailloux peints, sachant très bien que le temps, le climat, le vent vont effacer peu à peu ces images dont on ne peut conserver que des photos, par fragments. Et cette nature qu’il ne s’approprie pas mais avec laquelle il dialogue en tant que peintre, le fait revenir à la figure humaine. Visages, millions de visages, comme les millions de cailloux, mais quand il peignait les cailloux, il y mettait du bleu, comme le silence des espaces infinis ; les visages, eux, sont rouges, comme les cris, les appels et le feu. En contrepoint, il y a ces vitraux dont la fonction n’est pas de mettre en valeur les constructions humaines mais seulement la lumière qui émane du verre. On se retourne alors sur le chemin parcouru dans la galerie et le monde et on regarde venir l’horizon. 

 

 

Enseigne des Oudin - Fonds de dotation
4 rue Martel - 75010 Paris