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6 mars 2016

L'ancêtre en Solitude, de Simone et André Schwarz-Bart

L_Ancetre_en_Solitude

Ce livre est écrit à deux, Simone et André Schwarz-Bart. André est décédé en 2006. Il ne voulait plus publier mais il avait accumulé des pages et des pages qu’une chercheuse, Francine Kaufmann, rend à la lumière. Commence alors un nouveau travail d’écriture, une résurrection.

Solitude est une femme. Mulâtresse, elle a lutté contre l’esclavage en Guadeloupe et a été pendue le lendemain de la naissance de sa fille, au début du XIXe siècle. Cette fille, Louise, « l’enfant Solite », est achetée par une de Montaignan installée aux Antilles et qui la traitera comme un animal de compagnie, transmettant à l’enfant cette culpabilité qu’elle attribuait aux Noirs. Louise est une diablesse donc, qui fera peur aux esclaves même, et à qui d’autres Noirs interdiront d’affirmer qu’elle a un jour rencontré Jésus. « Et qu’est-ce qu’il viendrait faire Notre Seigneur par ici, dans ces terres de cannes et de manioc pourri, à se présenter devant une petite négresse à diable, si noire que bleue ? » D’ailleurs, Jésus n’avait rien dit à Louise « pour ce qui est du nègre sur la terre et au ciel ». 

Les hommes à présent se mettent « à la table de son corps » et Louise semble accepter son sort : « elle connaissait sa place ». Et un Blanc de France, Monsieur Legrandin, va la mettre « dans sa case ». L’esclavage, puis l’Abolition mais qu’est-ce que ça change ? « On est toujours dans la canne des blancs, alors où est la liberté ». Une première éruption de la montagne Pelée donne à Man Louise, qui a deux filles, Cléonie et Hortensia, une aura particulière puisqu’elle n’a pas quitté sa case et n’est pas morte. Une troisième fille va naître, Cydalise, qui dira, une fois, « papa » à Monsieur Legrandin. 

Après la mort de celui-ci, « le crâne éclaté par une caillasse », Man Louise va mener sa maison avec le même mélange de résignation et de volonté. Et une autre fille va agrandir la famille, Mariotte, fille d’Hortensia, troisième génération qui nous conduira au début du XXe siècle. Cette petite Marie va refaire le lien perdu avec l’ancêtre. Il lui faudra écouter Raymoninque, un de ses possibles pères, qui lui parle de « la femme Solitude » qui « avait un vrai rire de négresse », Raymoninque qui l’encourage à s’« approprier l’alphabet (…) ces petits signes si mystérieux, si angoissants ». Et elle tiendra son journal, Marie, et elle assumera son nom entier, Solitude. « Chère femme, chère femme, as-tu la paix ? »

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