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20 septembre 2021

La dernière visite à la centrale EDF de Vitry-sur-Seine (94)

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Le petit train qui nous emmène à l’entrée de la centrale passe près des cheminées visibles de loin alentour. De l’autre côté, on voit la Tour Duo qui surgit à la limite de Paris. Et puis on entre, casqué comme le sont aussi les spéléologues. La lumière du jour s’éloigne derrière nous. Nous suivons un chemin qui me fait penser à la Zone du film de Tarkovski, Stalker. Ce n’est pas un chien noir que l’on va y rencontrer mais d’autres habitants, renard, belette, araignées, mousses. Des traces de vie donc, celles du présent invisible de l’extérieur, la centrale ayant parfois, depuis la route, l’aspect d’une de ces enceintes de confinement nommées sarcophages. Des sons viennent nous cueillir, dont on ne sait pas toujours d’où ils sortent, peut-être des souvenirs du bâtiment lui-même, de ce qui y a été vécu, entendu, enregistré dans les courbes des machines, dans la rouille des boulons, dans la poussière du charbon. La vie du travail comme prête à renaître des outils, des clés, des caisses sous la lumière orangée. Et nous levons les yeux et la passerelle au-dessus de l’immense salle semble tanguer. Des éclairs sortent d’une pièce obscure. Et tout là-bas, comme sculpté par la lumière bleue, un violoncelle s’éveille et vient vers nous. C’est le règne animal surpris par la nuit, étrange jungle de métal et de fleurs de charbon où pénètre un instant la lumière du jour à laquelle à présent nous aspirons. Il faut monter, monter encore. De là-haut seulement, nous prendrons conscience des profondeurs où nous étions au début de la visite. Là-haut, sous la verrière, des plumes, des empreintes, signes de combats infimes mais sans doute mortels. Les araignées y dansent, les oiseaux y chantent ; les chants des oiseaux se faufilent entre les ailettes de la turbine. Ils nous raccompagnent : c’est la fin de la visite.

La centrale électrique de Vitry-sur-Seine (94) est à l’arrêt depuis 2015. Il a fallu trois ans à la Compagnie Tangible pour préparer le projet de résidence qui a commencé en 2018 et qui se termine en cette fin d’année 2021 : accompagner artistiquement la fin d’activité de la centrale et ouvrir vers une autre activité dont le vivant ne devra pas être absent.

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