Alex Burke, Gorée, à l'Espace Camille Lambert de Juvisy (91)

« A cette époque, je devais attendre assez longtemps pour que sèche la peinture des œuvres que je réalisais. Alors, j’occupais mes mains et mon esprit à dessiner des silhouettes noires sur des enveloppes qui traînaient dans mon atelier. A cette époque, on s’envoyait encore des courriers. Ces dessins n’avaient rien de particulier et je ne pensais pas qu’ils étaient partie prenante de mon travail. Un jour pourtant, j’accrochai une de ces enveloppes (peut-être plusieurs) sur le mur de l’atelier. Un de mes visiteurs s’y intéressa. Et voilà.

Je suis d’origine martiniquaise. Quand on naît Martiniquais et qu’on s’interroge sur ses origines, si on le peut, on va à Gorée, au Sénégal, d’où partirent, sans retour, les esclaves vers les Caraïbes. J’y suis allé. J’ai pris une photo qui est devenue une carte postale, envoyée en 1998 (sous enveloppe affranchie et portant ces silhouettes) depuis Gorée en direction de 28 pays des Amériques. Toutes les enveloppes ne me sont pas revenues. Celles que j’ai reçues en retour, je les expose juxtaposées dans des cadres sur des murs. Elles témoignent de ces déportations, de mes ancêtres. »

(propos recueillis lors de l’exposition à l’Espace Camille Lambert de Juvisy)