Bertille Bak

Bertille Bak expose au Jeu de Paume jusqu'au 12 mai 2024.

C’est en 2011 que j’ai découvert Bertille Bak. J’ai suivi son travail jusqu’en 2019. Et puis il y a eu le COVID. Quelques années plus tard, voici de nouvelles oeuvres exposées au Jeu de Paume, à Paris. Toujours son attention portée à celles et ceux qu’on ne voit pas, ou, si on les voit,  c’est sans vraiment y porter attention. Elle les regarde, et construit avec elles et eux des petites histoires qui racontent leur quotidien. Cireurs de chaussures, mineurs mineurs (enfants travaillant dans des mines), travailleurs des chantiers navals, standardisation du tourisme ethnique, exploitation des décortiqueuses de crevettes au Maroc travaillant pour une firme néerlandaise (cette partie de l’exposition m’a fait penser aux Marocaines allant cueillir des fraises en Espagne)… Le titre de l’exposition est Abus de souffle ; il dit l’humour de l’artiste, un humour qui installe une forme de dialogue avec les visiteur.euses et interroge. La disposition des oeuvres dans l'espace de cette exposition montre que tout ce que nous y voyons est lié. Quel est ce monde où nous vivons, où domine une économie qui a besoin de cacher les conditions de vie des femmes et des hommes qui produisent la distraction des autres ? Où tout semble s’uniformiser comme s’il fallait effacer l’histoire, les savoir-faire. En voyant les oeuvres (marquetteries de cheveux, bouteilles contenant des yeux de crevettes  aux couleurs des drapeaux marocain et néerlandais…) et les vidéos de l’artiste, on se dit que le monde pourrait être différent si le loisir des un.e.s respectait le travail des autres.
Mais peut-être faut-il souffler sur les braises…