Foyer
Fêu, chorégraphie de Fouad Boussouf au Musée du Quai Branly
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Fouad Boussouf aime mettre l'accent sur les titres de ses spectacles : Näss en 2018, Oüm en 2020 et Fêu en 2023. J'ai vu Näss il y a quelques années à Alfortville et je viens de voir Fêu. Le premier rassemble sept hommes et le second réunit dix femmes. Mais il le dit dans le cours de la discussion qui a suivi le spectacle : il n'en fait pas une question de principe. Fêu évoque la maison, le foyer, l'enfance, les figures maternelle et plus généralement féminines de son enfance. Dans la version du spectacle que nous voyons dans le théâtre du Musée, c'est vraiment le feu qui nous saisit. Un cercle de cendres est dessiné sur le plateau, une servante (la lampe qui veille sur le théâtre dans l'obscurité) est allumée au centre et va disparaître quand les danseuses vont y apparaître et se mettre à tourner en rond, à tourner sans relâche, dans un sens, dans un autre, se suivant, parfois s'éloignant du cercle que forment leurs pas pour exprimer quelque chose de chacune qui reprend sa place dans la ronde. Des regards, des sourires échangés, des mouvements de têtes qui font voler les cheveux comme des flammes jaillissant de la braise, parfois des exclamations. Et pendant tout ce temps, ce sont des percussions qui rythment les mouvements. Il s'est produit qu'en moi-même, des mots se posent : ainsi, pendant toute une séquence, j'entendais ces mots en boucle : "tu es passée, tu es partie" ; puis un autre rythme (et, éventuellement, une autre phrase) est venu chasser ces mots, m'invitant à me concentrer à nouveau sur la danse, sur la transe. Nous sommes saisis, emportés, hypnotisés. Comment cela se termine, je ne saurais le dire : le mouvement continuait en moi, lancinant, insistant. J'y pense encore plusieurs jours après.
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D'autres spectacles ont lieu au Musée du Quai Branly le samedi 24 et le dimanche 25 mai, notamment Oüm, hommage à Oum Kalthoum.
Photo : Antoine Friboulet