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28 février 2025

Causes perdues

Causes perdues et musiques tropicales - Patrick Chamoiseau à la Grande Librairie

Le chanteur Bernard Lavilliers raconte qu’un jour le président Mitterrand lui demanda, avec malice : « Alors, toujours dans les causes perdues et les musiques tropicales ? » En guise de réponse, le chanteur fit de cette question le titre d’un album. Il avait bien raison.

Les « causes perdues et musiques tropicales » — c’est-à-dire les luttes sans espoir, les lieux abandonnés, les pays dominés, les peuples jetés aux poubelles de l’Histoire par l’obscurantisme qui régente aujourd’hui la planète — sont précisément les bases où doivent se maintenir nos ferveurs et, pour tout dire, notre créativité.

En s’attachant aux causes perdues, on élargit la totalité de sa perception.

En savourant les musiques tropicales, on accède aux polyrythmies du corps et de l’esprit, là où la sensation s’articule en images et accorde aux idées l’insigne précieuse de l’utopie.
Les grands poètes se sont toujours déclarés « solitaires et solidaires ». Solitaires, non par retrait du monde, mais par leur rejet de ces pouvoirs qui désespèrent les vieilles démocraties et qui transforment — comme l’a vu Ionesco — les meilleurs citoyens en d’effrayants rhinocéros.

Et quand ces poètes se disent solidaires, c’est qu’ils se tiennent en relation avec tout ce que la beauté peut enseigner comme humanisation dans la saveur des causes perdues et la joie sans contraire du zouk, de la salsa, des vieilles biguines et du reggae.

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