Héroïne

Je n’ai pas vu ce spectacle de la Compagnie Les arts oseurs. Mais je tenais à en lire le texte.
Nous ne sommes pas ici dans la réécriture d’un texte déjà existant, une sorte d’adaptation pour la rue. Car c’est en extérieur que cette compagnie crée ses spectacles. Ici, elle sort dans la rue ou sur une place publique ce qui se joue (faut-il dire « se joue »?) dans un palais, un palais de justice.
Et la lecture que j’en ai faite me fait regretter de n’y avoir pas assisté. Périne Faivre a accompagné une avocate pendant plus d’un an, prenant des notes. Ces notes, elle les a travaillées avec d’autres artistes  pluridisciplinaires (musique, dessin, danse, théâtre), comme elle l’a fait pour ses autres créations. Le livre, publié par les éditions Deuxième époque, en rend compte instant par instant. Et c’est toute la société qui défile sous nos yeux, et son rapport à la justice. Héroïne, oui, l’avocate prénommée Claire dans la pièce, avec des journées de travail qui commencent tôt et se terminent tard, qui obligent à écouter, à mesurer, à accompagner, à savoir tenir sa place avec empathie et réalisme. C’est toute la société qu’on voit vivre ici, quand bien même on ne s’y reconnaît pas toujours. On y entend les différences, on y voit ce qu’on oublie quelquefois. L’autrice et metteuse en espace réussit le tour de force de proposer un théâtre du réel sans exclure et sans simplifier.

L’ouvrage permet de lire tout le texte et les indications techniques de la pièce, des réactions de plusieurs professionnel.les, un entretien croisé entre l’avocate-héroïne et l’autrice metteuse en scène, réalisé après la tournée, et une bibliographie très éclairante.