La poésie d'un fourre-tout

Un totebag est un support de marketing pour faire du business.

Cette phrase n’étonne personne. Pourtant, on aurait sans doute pu la dire autrement. Par exemple : Un fourre-tout peut être un support publicitaire pour faire des affaires.

Mais vous n’entendrez sans doute jamais dire fourre-tout. Peut-être la répétition du son « ou » en fait quelque chose de vulgaire tandis que le « o » et le « a » lui donnent un aspect plus chic. Tromperie, donc, que ces anglicismes. Il y a cependant des fourre-tout poétiques. Comme celui, par exemple, dont je vous propose une photographie ci-contre. Vous n’avez que les premières lettres des vers dont il est composé. Il vous appartient de les compléter.

Exemple :

Je sauvegarde le jour
La béatitude de tout matin
Je rejoins la lumière des midis
Je regarde décliner au soir le soleil
Je rentre avant que la nuit ici soit tombée
Je cherche le sommeil qui tarde à m’emporter
Comme si je ne devais pas me perdre dans les rêves

C’est à vous main tenant. Il s’agit de compléter les vers dont vous n’avez que les premières lettres sur ce fourre-tout des éditions Bruno Doucey, en vous efforçant de faire croître en nombre de lettres chaque vers par rapport au précédent de façon à peu près régulière. Merci de poster votre texte dans les commentaires ci-dessous.

Comments

[l’autre]

Je sauve de l’oubli ce moment

La béance du temps ne peut l’effacer

Je rejoue une fois encore la partie

Je relance le dé d’ivoire jauni d’autrefois

Je range ce souvenir parmi ceux qui me font sourire

Je croque de nouveau les pommes sures et les bonbons

C’est ainsi que je me raconte parfois de vieilles histoires

[Soso]

Je sauverai, soyez certain,

La bėarnaise à la mine défaite,

Je rejette l'idée d'une sauce ratée

Je rêve la toque dont je pourrais être affublėe

Je riposte, serrant les dents et ce trop long tablier

Je crois, j'ai la foi, cette fois ma réputation sera sauvée

Comme une fière béarnaise je me dois d'honorer ma contrée

[eva]

Je, sauvage, dans le noir

Là beau dans une geôle sans barreau

Je, rejet, regimbe, sur le sol, contre pierre, grise l'alcool

Je, regreffe, rejailli un rêve dans la mer, ma mère dans l'eau

Je, répand ma mémoire au sol, remêle la chair à la terre dans l'alcool

Je, coagule dans les débris, me mêle, des barreaux d'eau ou d'éther, dans ma geôle

Caresse la poussière, regarde au ciel contenu, dans le noir, soutenu, les restes d'un détenu

[Franis20]

Je sauve ces merveilleux souvenirs,

La beauté des jours heureux passés avec toi.

Je rejette toute idée de tristesse, de chagrin, de regret.

Je ressens beaucoup de joie d'avoir pu te suivre sur tes chemins d'aventure.

Je referais les mêmes voyages à tes côtés si tu étais là, toujours vaillant, prêt à t'évader.

Je contemple le ciel au-dessus de la montagne et te cherche au firmament quand la nuit est étoilée,

Comme si tu pouvais te mettre à briller pour moi seule et m'envoyer un tendre signal : Je suis là. Je veille sur toi.

[Fadila]

Je sauve la nuit dans le jour qui point.

La beauté marche, lentement, prenant tout son temps, vers l’horizon qui fond tout au bout, là-bas, dans le soleil au zénith de son art.

Je retourne sur mes pas, j’ai oublié la lune.

Je repars, ensuite, sur le tapis de mousse verte, si douce à la plante de mes pieds nus.

Je respire profondément, à pleins poumons, l’air frais du soir, dans le silence peuplé de bruissements furtifs, de feulements lointains, de cataractes puissantes qui coulent à flots depuis le ciel, de chants du paradis.

Je contemple la merveille dans l’or rose du soleil couchant.

Je grimpe sur le dos de la comète pour faire un petit tour dans d’autres galaxies, voir un peu si j’y suis.

Et mon rêve se poursuit.