grenouille, eau, genoux

Dans ce livre, Inframince et hyperlié (éd. art&fiction), celui qui signe du nom de Philippe Lipcare examine quelques disparitions dans l’art. Ce faisant, il met en évidence certains liens entre des oeuvres qui semblent ne pas en avoir, par exemple entre Manet (Le déjeuner sur l’herbe) et Charles Gleyre (Minerve et les trois Grâces), le second répondant, selon lui, au premier. 

Et il passe beaucoup de pages avec les grenouilles. Voici une phrase du préambule : « Je collectionne depuis longtemps les histoires et les images de chapeaux, de grenouilles et de genoux. »  Et il nous embarque alors dans trois premiers récits :
1. Freud raconte un rêve où il se voit dans un compartiment de train, tenant un haut-de-forme en verre sur ses genoux
2. À l’école, une maîtresse demande un exercice de rimes ; Toto remet sa copie : « Je me suis baigné dans la mare aux grenouilles / J’avais de l’eau jusqu’aux genoux ».
3. C’est l’histoire d’un type qui va chez le médecin, coiffé d’un haut-de-forme. Il s’assied et ôte son chapeau. Le médecin découvre alors une grenouille soudée au crâne chauve du type. Le médecin demande depuis combien de temps il a ça. C’est la grenouille qui répond : « Au début, ce n’était qu’une petite verrue sous le pied ».
L’auteur interprète et tire des liens invisibles entre ces histoires qui, selon lui, ont trois éléments en commun : l’eau, les genoux et les grenouilles. Il ajoute un peu de Magritte et d’autres ingrédients pour aboutir à cette phrase de Jean-Pierre Brisset (1837-1919) : « L’homme est né dans l’eau, son ancêtre est la grenouille et l’analyse des langues humaines apporte la preuve de cette théorie. » 

Mais revenons aux trois mots : grenouille, eau, genoux.

Écrivez une histoire où ces trois éléments apparaissent.

Exemple :
C’était jour de guinguette. Je me suis arrêté au stand de la ludothèque. Au jeu de la grenouille, j’ai jeté un palet mais j’ai raté la bouche. Le palet a roulé sur le talus descendant à la rivière et il est tombé dans l’eau. J’ai glissé en essayant de l’attraper avant sa chute et c’est moi qui me suis écorché les genoux en le remontant, penaud mais triomphant.

C’est à vous main tenant. Partagez avec nous un récit comme le firent avant nous Aristophane ou La Fontaine ou d’autres encore. Attraperez-vous la grenouille ?

Comments

[eva]

Je t'observe

Tu dors

Dans les abysses Mangrove, Ton corps

Suspendu

Tes membres lianes s'ancrent dans la lie sableuse

Quand tes rêves bavent

Sur les fleurs des nénuphars

Ombreuses

Ta peau pâle brûle dans le noir

Sur ton visage serein des grenouilles endormies

Des pores se creusent

Nos mots tus

Sous des ventouses venimeuses

Refouler

Les relents de tes scènes-enfances ensevelies

Un rictus sur les lèvres, des spasmes dans la nuit

rident l'eau et nos silences

Sur les commissures

Où restent poussières des murmures

Je me penche sur tes chairs en immersion

Cherche la tension et ta pulsion

Mes doigts sondent les images mirages

Sur ta pellicule humide sans âge

Caresse ton genou

Découvre ton monde, mille tabous

Sous tes paupières érodées

Irradie

[Gervais]

L’eau qui s’était sournoisement infiltrée dans mes poumons provoqua un œdème pulmonaire qui me laissa sur les genoux. Afin de respirer, on m’affubla d’un masque relié à une bouteille d’oxygène, me faisant ressembler à un homme-grenouille.

[KISTROT]

Comme il était au chômage, on lui conseilla de créer sa propre entreprise

où il serait " patron", ce qu'il fit avec succès.

Mais ayant trop arrosé sa réussite avec maintes eaux de vie, il se trouva à genoux devant des créanciers intraitables et c' est ainsi qu'il" bouffa la grenouille".

[onarretetout]

Les grenouilles

grelottaient

dans un grenier

un garçon assez beau

y vint avec un seau

les anoures sautèrent dans l'eau

jeune où vas-tu ainsi?

je nous préfère à la mare

dit la reine des grenouilles

et il y descendit avec elle

qui détournant la RILLE lui laissa le GENOU

[Violette]

J'ai grandi dans une famille résolument athée mais il arrivait que ma mère lance des anathèmes féroces :" Ah, celle-là, c'est une vraie grenouille de bénitier !". J'imaginais alors une figure mi-femme,mi-animale, dont le milieu naturel serait une église, à genoux dans l'eau bénite, nue et échevelée.