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29 septembre 2021

Deux femmes parlent d'Haïti

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Gerda Cadostin et Emmelie Prophète, deux femmes pour parler d’Haïti sur l’antenne de Dôobôot radio, ce mardi soir, 28 septembre. De chacune, sur ce blog, vous pouvez lire la présentation de livres, édités par Mémoire d'encrier : Laisse folie courir, de Gerda Cadostin, Les villages de Dieu et Un ailleurs à soi, d’Emmelie Prophète.

Dans l'émission enregistrée en public, animée et présentée par Éléonore Bassop et Samuel Légitimus, on a bien sûr évoqué la situation de ce pays et tenté de comprendre comment on en est arrivé là, à cette sorte d’implosion de l’état. Il faut remonter au XIXe siècle, quand les esclaves se sont révoltés et ont créé la première république noire. Et au scandale de la dette que le pays a dû payer jusqu’en 1950. Il s’agissait de « dédommager » les propriétaires d’esclaves et non les esclaves qui, eux, n’ont pas été payés… Thomas Piketty, auteur de Capital et idéologie, dit à ce propos : « Cette dette représentait en 1825 l’équivalent d’environ trois années de production d’Haïti — 300% du PIB, dirait-on en utilisant le langage d’aujourd’hui. Cela sans même prendre en compte les intérêts que les banquiers français et anglo-saxons n’ont pas manqué de faire payer jusqu’en 1950 en échange du "refinancement" de cette dette. Au minimum, la France devrait aujourd’hui rembourser à Haïti l’équivalent de trois années du PIB haïtien actuel. » Les colonisateurs esclavagistes ont fait payer cher la libération des esclaves, et continuent. Emmelie Prophète souligne la responsabilité des États-Unis et des autres pays impliqués dans l’histoire d’Haïti. Elle s’indigne quand les mêmes parlent, avec cynisme, de la « malédiction » qui semble condamner le peuple haïtien. 

Elle ajoute qu’aujourd’hui, dans le monde, il n’y a plus d’Eldorado, et dénonce les pratiques de « déportation » des migrants par les États-Unis ou le Canada. Les intervenants signalent des photos montrant des garde-frontières américains utilisant un fouet pour repousser des migrants haïtiens. 

Mais comment peut-on vivre en Haïti ? Les deux autrices présentes témoignent de la solidarité qui existe au quotidien, solidarité plutôt vécue par les femmes quand la violence est plutôt celle des jeunes hommes. « Les femmes donnent la vie, les hommes donnent la mort ». La situation n’est pas la même en ville et à la campagne, et Gerda qui situe son roman plutôt au milieu du XXe siècle, fait revenir les trois mots suivants dans son livre : « débrouille, bredouille, s'embrouille ». Elle parle de l'extrême simplicité de la vie dans une campagne pauvre. Toutes deux s’accordent à dire l’importance de l’Afrique pour les Haïtiens, la Guinée où les âmes retournent après la mort.

Et puis c’est un pays où le désespoir n’est pas de mise. Certes, la mort est toujours présente (et on y meurt globalement plus jeune qu’ailleurs dans le monde), mais, comme Célia dans le roman d’Emmelie, on ne désespère jamais.

Rodney Saint-Éloi, leur éditeur, écrivait, il y a un peu plus d'un an : "Le monde s’effondre, disait Chinua Achebe. 
Le monde naît également. Je vous appelle à cet espoir-là."

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