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20 juin 2021

Kuessipan, film de Myriam Verreault

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Kuessipan est le titre d’un livre de Naomi Fontaine. Kuessipan signifie « à toi », « à ton tour ». Le film de Myriam Verreault répond aussi à cette invitation : « à ton tour ». Non seulement le tour de la réalisatrice qui a pris le temps (5 ans) avant de le tourner : pour dire la réalité de la vie en territoire innu. Mais aussi le tour de ces jeunes filles, Mikuan (Sharon Fontaine-Ishpatao) et Shaniss (Yamie Grégoire), dont nous suivons à l’écran l’existence. Enfants, elles se promettent de rester toujours amies ; et la vie de chacune va prendre un tour différent de celle de l’autre. Est-ce trahir son peuple de tomber amoureuse d’un Blanc ? Est-ce trahir son territoire (Nutshimit) de vouloir partir étudier à Montréal ? Ces questions, que soulignent parfois des phrases extraites du livre de Naomi Fontaine, ne sont sans doute pas réservées aux Innus : c’est pour cela qu’elles me touchent et m’émeuvent. Et il y a cet atelier d’écriture qui témoigne de la prise de parole d’une jeune femme née dans une famille où l’écriture n’est pas la préoccupation majeure, prise de parole aboutissant à un livre qui — c’est sans doute sa destination — affirme identité et lien. Le film commence dans l’obscurité, traverse des étendues de neige ; s’il « met un voile sur ce qui est sale », il n’évite pas l’évocation des violences et de la mort, si proches cependant des moments de fête et d’amour. « J’ai inventé des vies », dit la voix off au début et à la fin du film. Ces vies qui existent à présent dans notre pensée et notre mémoire.

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